Visites du musée Déchelette, du musée d’Allard et du musée des Confluences

Et voilà le retour du Printemps et le retour des virées dans d’autres régions voisines. Rien de mieux pour découvrir les expositions en cours dans les musées que l’on connait déjà et pour visiter ceux que l’on ne connaît pas encore. En Avril 2022, j’ai pu visiter ou revisiter trois musées :

J’avais par conséquent envie de vous partager mes découvertes et pourquoi pas vous donner envie de visiter les lieux à votre tour. Pour ne pas divulgâcher les collections et expositions, le nombre de photos est limité pour vous laisser le plaisir de découvrir.

Le Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie Joseph Déchelette à Roanne

Au cours d’un trajet, nous avons décidé de nous arrêter à Roanne pour y visiter le musée dont j’entendais parler depuis quelques années, et en particulier lorsque les momies égyptiennes ont été exposées au cours de l’année 2015. Dans le doute pour mon travail autour des restes humains en musée, je me demandais si il serait toujours possible d’en voir et puis c’était surtout l’occasion de découvrir un nouveau musée.

Tout d’abord l’accueil. Nous avons été extrêmement bien reçus par la personne de l’accueil qui nous a annoncé qu’en ce mercredi, la visite des collections permanentes était gratuite. Armés de notre ticket nous avons alors débuté la visite par le bâtiment principal en découvrant un large choix de faïences car Roanne s’est illustrée comme une ville majeure dans cet art à partir du XVIIe siècle en France. Une partie sur les faïences de la Révolution française permet de découvrir comment cet évènement s’est inscrit dans les arts décoratifs de cette époque. Une belle découverte d’un sujet qui m’était méconnu. Les salles du bâtiment valent également le coup d’œil puisque certaines sont décorées avec de superbes moulures, miroirs et peintures à l’image de la salle ci-dessous.

En montant à l’étage, il est possible de découvrir de nombreuses œuvres de la fin du Moyen Age jusqu’au XXe siècle. La salle dédiée aux peintures et sculptures sur bois du XVe et du XVIe est à voir puisqu’elle permet de découvrir des représentations d’une grande qualité et coup de cœur pour moi, la Vierge en bois. Plusieurs écoles sont représentées tant flamandes que françaises en passant par d’autres zones d’Occident. La couleur des murs de cette salle met en valeur les œuvres présentées dont l’imposant Tryptique Sainte-Anne que je vous laisserai le soin de découvrir en personne. Les dorures des œuvres ressortent davantage avec ce choix audacieux de couleur.

S’en suivent les salles avec de nombreux tableaux classés par périodes. Et quelle ne fut pas ma surprise de voir un visage et un style que je peux reconnaître entre 1000 : la présence d’un Tudor par ici. Peu de gens le savent, mais j’ai un très gros intérêt pour la monarchie anglaise et ce depuis que je suis adolescente. Forcément, lorsque je croise un Tudor en général je le reconnais et là ça a été le cas devant un imposant portrait de jeune homme et pas n’importe lequel : Edouard VI.

Couronné à 9 ans, il est le fils du terrible Henri VIII et de sa troisième femme Jeanne Seymour. Des portraits en pied il y en a plusieurs versions qui se trouvent dans des collections très prestigieuses : Hampton Court en Angleterre de façon très logique, mais aussi Le Louvre, Los Angeles County Museum en bref, le fait d’en retrouver un à Roanne par Guilhem Stretes est tout à fait surprenant et c’est une bonne surprise !

Joseph Déchelette, une vie pour l’archéologie

Suite à la visite de ce bâtiment, il faut ressortir dans la cour du musée pour se rendre en direction d’une petite annexe qui abrite les collections d’archéologie. Si le nom du musée est lié à celui de Joseph Déchelette ce n’est pas pour rien, ce dernier était archéologue et conservateur du musée de Roanne pendant 22 ans. Né en 1862, cet homme d’affaire dans l’entreprise familiale dédiée au commerce du coton va développer des compétences en archéologie. Grâce à son activité commerciale familiale, il peut se permettre à la fin du XIXe siècle de consacrer plus de temps et d’argent à cette discipline.

Il parle plusieurs langues et est très érudit. Il possède vrai esprit scientifique, élément qui va beaucoup l’aider à apporter un sens au collections qu’il a sous la main et à leur mise en valeur de façon logique et méthodologique.

Ses voyages lui permettent également d’enrichir ses collections. En 1892, il part en Égypte et comme de nombreux scientifiques et touristes de l’époque, il revient les bagages chargés d’objets funéraires en plus d’une momie. Rappelons-le, l’archéologie égyptienne est à l’époque très partagée entre les français, les anglais mais également les italiens et les allemands. J’en parlais un petit peu ici pour tout ce qui touche à la France en Egypte au XIXe et début du XXe siècle.

Lorsque l’on voit les petits carnets de Joseph Déchelette dans la salle dédiée à l’archéologie, on noue tout de suite plus rapidement un lien avec l’homme et le passionné qui rédigeait beaucoup d’articles et de notes.

Il quittera ce monde lors de la Grande Guerre en 1914 suite à ses blessures de guerre, et il lèguera sa bibliothèque, ses collections et une grosse somme d’argent pour la construction d’un musée. En 1923 ouvre le Musée Joseph Déchelette.

Son influence régionale et nationale reste notable pour l’archéologie en France. C’est un personnage passionnant à découvrir et que je ne connaissais que de nom. Je suis contente d’en avoir appris plus sur lui au fil de mes lectures. A vrai dire, quand les musées portent le nom d’une personne, j’aime beaucoup en savoir plus et souvent je suis touchée par des parcours et des personnalités, ce qui rend l’expérience en musée encore plus agréable à mon sens.

Malheureusement, pour des raisons de conservation, la collection égyptienne n’est pas visible. J’étais un peu déçue mais si j’avais lu le site web du musée avant je l’aurai su ! Je comprends complètement ce choix si les conditions d’exposition ne sont pas optimales. La sécurité d’abord surtout pour des sujets si fragiles.

Néanmoins, la partie archéologique présente des pièces tout à fait intéressantes qui valent le coup d’œil. D’abord, par rapport à mon travail, j’ai apprécié de découvrir une reconstitution de sépulture dont l’accès se fait par un petit escalier permettant au visiteur de choisir si oui ou non il souhaite se confronter à ce sujet. C’est important d’avoir le choix en tant que visiteur pour voir une dépouille (vraie ou fausse) dans le cadre d’une visite. Tout le monde n’est pas forcément à l’aise avec cela et j’ai trouvé cette possibilité ingénieuse. Évidemment j’ai beaucoup apprécié la mise en scène.

Le reste des salles a le mérite de proposer d’autres mises en scène comme une cuisine gallo-romaine tout à fait intéressante permettant de comprendre les céramiques en contexte. On découvre également quelques éléments en verre dont une sélection de balsamaires et d’urnes.

Je vous laisse découvrir les collections du musée à l’occasion d’une visite, n’hésitez pas à passer faire un tour, la visite n’est pas très longue mais on y voit de belles pièces et surtout vous permettez de faire vivre ce musée !

En route pour le Musée d’Allard de Montbrison

Je vous en ai déjà parlé il y a quelques mois, le musée d’Allard de Montbrison est un de mes coups de cœur en termes de musées pour de nombreuses raisons. Après une expérience très positive avec l’équipe tant pour des recherches que pour l’écriture d’un de mes livres, il est devenu normal avec mon compagnon de nous rendre au musée quand on est dans la région tant pour revoir les collections permanentes que les expositions temporaires. Je vous parlais du musée par ici plus en détail.

Je profite de cet article pour vous rappeler de ne pas hésiter à y faire un tour si vous êtes dans le coin, vous en ressortirez probablement ravis surtout si vous me suivez et que vous avez des goûts similaires aux miens en termes de visites. Les expositions temporaires sont toujours faites avec goût.

On en reparlera d’ici quelques mois !

“Magique” et “Sur la piste des Sioux” au Musée des Confluences

La dernière visite en date du mois d’Avril était celle des expositions temporaires du Musée des confluences à Lyon. Au moment de ma venue, il y avait 4 expositions temporaires :

  • Magique
  • Sur la piste des Sioux
  • Jusqu’au bout du monde, regards missionnaires
  • L’oiseau rare. de l’hirondelle au kakapo

Nous en avons vu 3 sur les 4 car vacances scolaires obligent il y avait beaucoup de monde l’après-midi. Il n’y a que celle sur les oiseaux rares que je n’ai pas vue malgré mon amour prononcé pour les oiseaux de toutes sortes.

Magique au Musée des Confluences

Tout d’abord Magique. C’est la dernière nouveauté en date de musée auquel je suis fidèle depuis son ouverture pour découvrir toutes les expositions temporaires. L’exposition j’ai pu la découvrir d’abord au Museum de Toulouse et cela m’a permis de comparer les deux ainsi que les dispositions et les objets de chacune. Autant dire que les espaces gigantesques des Confluences permettent de faire de grandes expositions et Magique dans sa pénombre et ses animations lumineuses et audio invite au voyage.

L’exposition présente la magie sous diverses formes et interprétation. Elle débute par la présentation d’objets archéologiques de grande qualité : Vénus à la corne, ivoire d’hippopotame d’Egypte ancienne, Turibulum (brûle encens) gallo-romain, tablettes de defixio…pour ceux qui aiment ces objets ou qui n’en n’ont jamais vu de près c’est l’occasion ! Pour ma part j’étais très contente de découvrir le Turibulum et ses inscriptions magiques ainsi que la tablette de defixio en vrai pour la première fois. D’ailleurs, j’étais surprise de ne rien voir au final sur la tablette et fort heureusement, les copies des inscriptions étaient visibles sur les murs !

L’espace consacré aux plantes et aux roches se fait autour d’un arbre composé de bouquets de fleurs séchées en suspension ce qui apporte une touche végétale parfaite pour aborder ces thèmes. Il y a une odeur qui s’en dégage en plus qui n’est pas désagréable. Alchimie, magie par les pierres, soins par les plantes, ces thèmes y sont abordés. L’exposition rappelle également les faits et les lois autour de la considération des pratiques magiques au fil du temps et en France également. C’est intéressant pour casser quelques clichés à propos de ce sujet où l’on lit tout et n’importe quoi.

Ma partie préférée était celle dédiée à la magie “visuelle” en quelques sortes, tout ce qui touche aux sciences et aux techniques. Lanterne magique, illusions, magie de spectacle, tout ça me parle beaucoup car il y a bien souvent de nombreuses représentations macabres et amusantes autour de ces sujets. La muséographie est extrêmement chouette sur l’ensemble de l’exposition mais mon coup de cœur s’est fait sur cette partie en question. Il y a des petits films anciens diffusés ainsi que des tours de magie (oui après avoir appris 4 tours dans ma vie, j’ai envisagé cette carrière à l’âge de 9 ans…)

Il y a une partie consacrée à l’ésotérisme dans l’exposition, un thème là aussi relativement incontournable quand on parle de pratiques particulières. C’est plutôt plaisant de retrouver des objets de ce type en musée comme une planche de Oui-Ja ou encore une main spirite d’Owen le tout accompagné par un buste de Kardec. En même temps dans une ville aussi spirite que Lyon, le clin d’œil est appréciable volontaire ou non !

Bien que mon travail en thanatologie soit toujours objectif, il n’est bien entendu pas rare que le sujet se manifeste de temps à autres autour de ce type de pratiques ou tout simplement lorsque l’on s’intéresse à l’histoire de la ville de Lyon par exemple. J’en apprécie les codes et les histoires et c’est toujours intéressant d’en savoir plus car nous sommes abreuvé depuis petits par des films ou encore des séries qui abordent ces thèmes !

Coucou les fantômes.

Magie, divination, protection, tant de thèmes abordés par le biais de ce que l’on trouve en Occident et ailleurs dans le monde. Ce sont 400 objets qui sont présentés dans l’exposition avec des pièces françaises du XIXe siècle ou du début XXe avec une forte proportion d’éléments venus d’Auvergne. Ceci est la preuve que chez nous en milieu rurale, des pratiques ont existé voire existent peut-être toujours et il est intéressant de le rappeler. Et certains objets mettent littéralement la chair de poule une fois que l’on a lu le cartel.

Le reste de l’exposition est tout aussi riche avec les objets magiques d’ailleurs, les nombreuses amulettes présentées ainsi que des costumes et accessoires de personnes pratiquant cela dans le monde. C’est enrichissant et ponctué par des écrans discrets qui proposent divers sujets comme la magie à travers le regard contemporain par exemple les séries télévisées.

Malgré la pénombre et le sujet qui peut effrayer, les enfants croisés ce jour là étaient attentifs et curieux, ce qui montre que l’exposition s’adresse aussi bien aux grands qu’aux petits (pas trop peureux ni trop jeunes). J’avais peur que l’exposition soit trop “markétée” car la magie est un sujet à la mode depuis quelques années avec de nombreuses pratiques parfois new age qui se propagent rapidement sur le net ou bien au gré des rayonnages de librairies. Mais au contraire, cette exposition peut plaire à tous les publics, ceux qui s’y connaissent et ceux qui justement ne connaissent pas. A découvrir sans modération !

Sur la piste des Sioux au musée des Confluences

Après avoir fait un petit tour dans l’exposition temporaire sur les missionnaires dont j’ai énormément apprécié les maquettes de bateaux, il était temps de découvrir “Sur la piste des Sioux” qui est l’exposition qu’il me tardait le plus de voir durant cette journée.

Actuellement, je travaille sur un gros projet où je fais beaucoup de recherches, et justement je travaille aussi sur les natifs d’Amérique du Nord. Cette exposition tombait alors à point nommé pour moi. L’idée de l’exposition est de démystifier l’image de “l’indien” telle qu’elle a été construite au fil des siècles par les occidentaux.

Les notions du “bon indien” et du “mauvais indien” sont montrées grâce à un choix judicieux d’archives à propos des natifs. Cet ensemble de documents permet de comprendre la construction d’un mythe au final bien souvent éloigné des réalités et réduisant les natifs à un ensemble homogène et compact alors que la pluralité de ces derniers est manifeste.

Sans surprise c’est un sujet qui m’intéresse et qui me touche. Que ce soit justement la construction de ces mythes mais également le droit de parole des natifs dans les zones concernées. J’avais abordé le sujet en vidéo et j’essaye tant que je le peux de partager davantage à ce sujet majeur.

Quelques pièces exceptionnelles se trouvent dans l’exposition. D’abord, le Portrait sérieux d’Esprit Noir. Originaire d’un groupe Sioux du Missouri, il a fait partie de la troupe de spectacle du colonel David Delaunay en 1827. Preuve de la pratique courante au XIXe siècle d’immortaliser les visages de celles et ceux qui viennent d’ailleurs s’inscrivant bien souvent dans une démarche d’anthropologie raciale.

Idem pour le moulage anthropologique présenté sous vitrine. Un témoignage de plus en plus rare en musée de ces pratiques d’un autre âge. Le visage de Wa-tan-ye de la troupe de George Catlin est présenté afin d’expliciter au grand public la création de ces moulages comme ici en France au milieu du XIXe siècle.

La seconde partie de l’exposition est consacrée aux spectacles et exhibitions de natifs en Europe. On découvre le succès de la tournée de Buffalo Bill et sa troupe, ainsi que les familles qui ont été exposées en zoos humains en Belgique. La muséographie de ces salles est grandiose, le musée a vraiment vu les choses en grand.

Je n’avais aucune idée de l’engouement pour les spectacles de Buffalo Bill lors de ses tournées en Europe. J’ai été très impressionnée par le choix d’objets dérivés et de publicités d’époque présentés en vitrine. En écoutant le public et ses réactions, certains ont bien évidemment pensé à l’influence de Barnum dans ce type de spectacles et de publicités.

Difficile de ne pas être profondément triste au regard des visages tristes des natifs sur les images d’époque ou encore les vêtements des familles exhibées en zoo humains.

Là aussi, n’hésitez pas à découvrir cette super exposition même si le sujet ne vous dit rien au premier abord, je vous assure que vous allez apprendre plein de choses.

Ce petit tour des musées est terminé, mais pour finir l’article en beauté, je vais vous poster mes traditionnelles recommandations de nourriture croisée au fil des routes pour que vous puissiez vous aussi vous régaler.

Manger sur la route

Je sais, ce n’est pas culturel mais je ne sais pas où partager avec vous ces informations capitales ! Sur la route, nous nous sommes arrêtés à Clermont-Ferrand où j’ai enfin pu découvrir la Cathédrale noire sous un soleil de plomb. Clermont-Ferrand nous avait réjouit en Décembre avec l’exposition Marcelle Baud au musée Bargoin. J’avais fait un thread par ici :

Ce coup-ci à Clermont-Ferrand pas de musée à part les promenades dans la ville mais je vous recommande vraiment d’aller manger au restaurant Le Yack 6 Rue Saint-Vincent de Paul où il y a aussi des plats végétariens. Je me suis régalée avec des saveurs du Tibet. J’ai fait la totale et j’ai eu du mal à marcher après tellement j’avais mangé mais sans regret aucun !

Et enfin à Lyon, même si il y a d’autres restaurants mexicains dans la ville, au centre commercial Confluence, j’aime me régaler chez Go Mex et en particulier leurs tacos et leurs bières mexicaines.

Cet article est termine, j’espère que vous aurez envie de découvrir quelques musées cités ici, n’hésitez pas à me le dire sur les réseaux sociaux, je suis toujours contente quand vous me dites que vous avez passé un super moment après avoir lu un article par ici ou une recommandation de ma part sur le web !

A bientôt,

Juliette

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