Interview chercheur #6 – Mélissa Tirel et la mort des tout-petits en Gaule romaine

Aujourd’hui dans cette sixième interview de chercheur (déjà ?!) j’ai le plaisir d’accueillir Mélissa Tirel qui va nous parler d’un sujet qui n’est pas toujours facile à aborder, celui de la mort des tout-petits et en particulier en Gaule Romaine. Je suis ravie de la recevoir au Bizarreum.

Le parcours de Mélissa

Bonjour Mélissa, merci d’avoir accepté cette invitation. Pour introduire aux lecteurs un petit peu notre passif, tu m’as contacté il y a quelques années pour venir parler au SAO dont je parlais en article ici. Depuis nous sommes restées en contact et je suis très curieuse de ton travail et je suis sûre que le lectorat le sera aussi. Peux-tu te présenter au public du Bizarreum ? 

Bonjour Juliette ! Oui c’était quelques jours avant le premier confinement : on était loin de s’imaginer que ça serait la dernière manifestation scientifique avant un long moment. L’atmosphère était un peu particulière, mais très intense !

Je m’appelle Mélissa Tirel, j’ai 31 ans et je suis docteure en archéologie. J’ai consacré mon doctorat à étudier les sépultures d’enfants en bas âge découvertes hors des nécropoles gallo-romaines, sous la direction de Fabien Colleoni et Mario Denti à l’Université Rennes 2 (UMR 6566 CReAAH). Dans l’Antiquité, il était chose commune d’ensevelir les tout-petits hors des nécropoles, dans des espaces de vie et d’activités. Mais j’y reviendrais plus tard. Après le doctorat, j’ai travaillé quelques mois en archéologie préventive je suis ensuite partie à Fribourg en Suisse pour réaliser un court post-doctorat au sein des équipes de Véronique Dasen qui l’une des plus grandes spécialistes de la naissance, de la maternité et de l’enfance dans l’Antiquité gréco-romaine. Depuis, je suis sans activité professionnelle. Je prépare des concours de la fonction publique. 

Main d’enfant momifiée autour d’une pièce d’offrande à Charon Ier – IIe siècle – Musée Denon
Photo Cazes Juliette

Peux-tu expliquer au lectorat ce qu’est un post-doc en recherche ?  

Le post-doctorat est un contrat à durée déterminée qui, comme son nom l’indique plutôt bien, est proposé à un jeune chercheur à la suite de son doctorat. En général, ce type de contrat lui permet de continuer à travailler sur son sujet de thèse, en lui offrant la possibilité d’approfondir certaines thématiques, comme cela a été mon cas à Fribourg. Les laboratoires de recherche peuvent aussi proposer des sujets totalement différents des thématiques du chercheur, qui répondent aux besoins de l’institution. Moi j’ai réalisé un très court post-doctorat, mais en général cela dure d’un an à trois ans. 

Tu as soutenu ta thèse il y a peu de temps, en 2020 si ma mémoire est bonne sur les pratiques funéraires en lien avec les petits enfants en Gaule romaine, peux-tu nous en dire plus ? 

Oui j’ai soutenu en novembre 2020, après 5 années de recherche dont 3 financées. C’était un contexte très particulier à cause de la pandémie : résultat ça s’est déroulé à huis clos ! On a pu mettre en place une visio pour mes amis et ma famille, c’était mieux que rien … Un jour comme celui-là, on le fantasme tellement … Mais bon, on reste quand même ultra soulagé d’être arrivé au bout du travail. Surtout que la soutenance de thèse est vraiment un exercice difficile qui puise énormément dans les ressources. D’un côté tu sais que c’est TON moment, tu as envie de profiter de l’avis et des commentaires des experts présents, mais d’un autre, tu rêves juste d’aller te coucher pour les 3 prochains jours ^^. 

A la découverte de son sujet

Past and Curious – Astrid Amadieu

Est-ce que tu peux nous parler du traitement classique des dépouilles d’enfants en Gaule romaine et à l’inverse ce qui est du domaine du non ordinaire ? 

En Gaule romaine, il n’est pas rare de mettre en jour des sépultures de tout-petits dans les espaces funéraires communautaires auprès des adultes. Toutefois, l’archéologie révèle un très fort déficit de ce type de population, en particulier ceux qu’on appelle les infantiles, c’est-à-dire les enfants de moins d’un an. Or, dans l’Antiquité, nous avons affaire à des populations dites pré-jénneriennes c’est-à-dire l’ensemble des populations préindustrielles, antérieures à la découverte et au développement de la vaccination (notamment contre la variole par E. Jenner à la fin du XVIIIe s.). Globalement, même si le taux de mortalité infantile demeure impossible à être déterminer avec certitude, les estimations démographiques s’accordent à dire que dans ces populations, qu’un très grand nombre d’enfants mourait durant la petite enfance et que, selon les estimations, trois à cinq enfants sur dix ne survivaient pas à leur première année. Le nourrisson, une fois passé ses un an, n’était pas tiré d’affaire puisque jusqu’à l’âge de cinq ans, la mortalité restait forte. La petite enfance demeurait donc une période à haut risque où la vigilance était de rigueur.

Crédit INRAP – E. Ferber

Petit à petit, les archéologues ont pris conscience, notamment grâce à l’essor de l’archéologie préventive, que si les tout-petits ne se trouvaient pas dans les nécropoles c’est peut-être parce avaient été ensevelis ailleurs. Il est vrai que ponctuellement, des sépultures de nouveau-nés et de nourrissons apparaissaient dans des contextes de prime abord non funéraires : dans la cour d’une villa, à l’intérieur d’un atelier de potiers, dans une zone de production …. Mais au vu du caractère ponctuel et aléatoire de ces découvertes, on a longtemps pensé qu’on avait affaire à des pratiques exceptionnelles. Grâce aux découvertes toujours plus nombreuses, les acteurs de l’archéologie commencent à réaliser que le phénomène n’est pas si rare que ça et, au contraire, plutôt très fréquent. Cela donne naissance à des études ponctuelles, à l’échelle d’un site ou d’une région, et à une première synthèse dans la thèse de Nathalie Baills en 2012. 

Et c’est là que moi et ma thèse entrons en scène avec pour (petite) ambition de créer une première synthèse globale à l’échelle de la Gaule romaine en nous appuyant sur un corpus d’exemples fiables et conséquents. Je vous passe les détails qui seraient évidemment trop longs ici, mais en accumulant les données disponibles et en les analysant, on peut dire que certes, les tout-petits faisaient l’objet d’un traitement funéraire différent de celui de leurs ainés sur certains points. Toutefois, cela ne relevait pas du non ordinaire : il était coutume de faire différemment pour les tout-petits. Il faut plutôt voir ça comme un traitement funéraire alternatif qu’une anomalie. 

A quel moment tu as décidé que le sujet des immatures comme on les appelle de façon plus technique serait ton sujet de thèse ? Est-ce que c’est une réponse à une expérience de terrain ou un intérêt qui est venu progressivement ? 

Non, cela n’est pas né d’une expérience de terrain. J’ai d’abord fait une Fac d’Histoire : depuis mon entrée en 6e, je savais que je voulais faire de l’Histoire et rien d’autre. Puis, au cours de ma Licence, j’ai fait un voyage qui a provoqué une sorte de crise existentielle chez moi. À mon retour, je me suis inscrite en Sciences de l’Education pour devenir professeure des Écoles. Après mon entrée en Master, j’ai très très vite réalisé que cela ne me correspondait pas (tient, tient). Je suis donc retournée en L3 valider ma Licence d’Histoire et puis j’ai intégré un Master d’Archéologie des périodes historiques. Rétrospectivement, je crois que c’est là, dans ces études de Sciences de l’Education qu’est né mon intérêt pour l’Histoire de l’enfance. En Master 1, c’est moi qui ai proposé à mon directeur d’allier enfance et funéraire car il y avait pas mal de choses à faire et que c’était deux domaines qui m’intéressaient bien. J’ai d’abord fait un Master 1 sur les pratiques funéraires destinées aux immatures de Gaule romaine de manière générale. Pour le Master 2, je me suis tournée vers une autre spécialiste de la petite enfance, le docteure Nathalie Baills, qui m’a dit que tout restait à faire concernant les sépultures d’enfants hors des nécropoles. Que ça allait être dur, car les informations étaient très éclatées, voire parfois inexistantes dans la littérature grise (rapports de fouilles…). Certains spécialistes m’ont déconseillé de le faire. Mais je l’ai quand même fait et je ne regrette rien. 

Enfants de l’Antiquité et considération sociale

Past and Curious – Astrid Amadieu

Comment font les scientifiques pour déterminer les raisons d’un geste qui n’est pas dans les habitudes normales funéraires ou mortuaires? Car ce qui ne semble pas normal à notre époque l’était peut-être dans le passé ? Comment trouvez-vous la nuance entre la pensée ancienne et la nôtre ? 

On reconnait bien la spécialiste du funéraire dans cette question ! Je pense aussi que tu es la mieux placée pour savoir que c’est parfois très difficile ! On souhaite toujours être le chercheur ou la chercheuse le plus objectif qui soit, mais en réalité on est forcément biaisé par notre culture contemporaine et ethnocentrée. Encore plus lorsqu’il s’agit de la mort, et je dirais même encore plus lorsqu’il s’agit de la mort d’un bébé ou d’un jeune enfant.  

L’archéologie est une science qui invite à la prudence permanente. Dans mes travaux, il est très important pour moi de ne pas tirer de conclusions trop faciles : sommes-nous en mesure de dire qu’un enfant était « aimé » parce qu’il avait reçu un nombre important de dépôts dans la tombe ? Ou bien que le chagrin fût moins important pour un défunt ayant fait l’objet d’un traitement funéraire sommaire ? Il est évident que non. En revanche, il n’est pas interdit de parler de « soins », de « considérations », « d’égards », de « préoccupations » ou encore de « précautions » en nous basant sur des critères significatifs, même si cela induit intrinsèquement une notion de sensibilité. Lorsqu’on travaille sur de tels sujets, pour moi il faut avoir en tête en permanence que l’attachement, et plus particulièrement l’existence de sentiments de la part des proches, totalement impalpables, ne peuvent être restitués par l’archéologie. L’exercice scientifique nous conduit souvent à un désir d’uniformisation et de catégorisation des données. Or, si des coutumes partagées étaient manifestes dans le monde romain, il demeure impossible (et cela nous paraît en quelque sorte rassurant) de faire entrer dans le même moule tous les comportements humains, tant ces derniers sont complexes et propres à chacun, reposant sur un ensemble de critères et d’influences dont la plupart nous échappent. 

L’archéologie est une science qui invite à la prudence permanente.

Par exemple, la considération du genre par le prisme du jouet ou de l’objet d’accompagnement est une vraie question, penses-tu qu’on a beaucoup à apprendre encore autour de ce sujet ? 

Bien sûr ! En ce qui concerne la culture matérielle des jeunes enfants il y a encore tellement à faire ! Pour donner un exemple concret, dans le cadre du post-doctorat je me suis intéressée à deux choses. 

Inhumation de nouveau-né en imbrex (tuile romaine) – Musée Denon
Photo Cazes Juliette

J’ai réalisé une première étude sur des armes miniatures découvertes dans des tombes de petits enfants gallo-romains : le but était, dans un premier temps de recenser les exemples (ça n’avait pas été fait) et puis d’essayer de comprendre à quoi ces petits objets pouvaient servir. Est-on en présence de jouets ou d’autre chose ? 

Dans une seconde, je me suis intéressée aux assemblages un peu bizarres mis au jour dans des sépultures d’enfants qui semblent clairement destinés à produire des bruits par l’entrechoquement des différentes pièces. Est-on en présence de l’équivalent de nos hochets (crepitaculum) ? Etaient-ils utilisés durant la vie de l’enfant ? Ont-ils une utilité purement funéraire ? 

Globalement, l’accumulation des exemples, des mises en série et des études qui en découlent nous permettent d’en apprendre davantage sur ce type de population et – surtout – nous offre la possibilité d’affiner nos connaissances sur les différentes tranches d’âge et de construire ainsi non plus une histoire de l’enfance, mais une histoire du nouveau-né, une histoire du nourrisson, une histoire du jeune enfant … Bien entendu pour cela, il faut absolument apporter une attention toute particulière au contexte de découverte. L’objet pour l’objet ne nous apporte que peu d’informations finalement. 

D’ailleurs, as-tu déjà trouvé des objets accompagnant des enfants? Si c’est le cas, ça doit être un moment forcément émouvant malgré la distance scientifique ? 

Dans ce cadre-là, il est vrai que la présence d’un petit objet est émouvante. Une paire de chaussures de taille adulte dans la tombe d’un nouveau-né, une petite amulette encore présente autour du cou du nourrisson … On ne peut pas y être insensible. Mais je crois que moi, ce qui m’émeut le plus c’est l’ensemble des intentions visibles à travers la tombe : à mes yeux, donner une protection à la dépouille d’un bébé, par exemple par le biais d’une tuile, ou d’un morceau de céramique qu’on a essayé de tailler, même rapidement, pour qu’il englobe parfaitement le corps ça me touche encore plus que la présence d’un objet. J’ai pu observer, et cela à toute son importance, que lorsqu’on découvre plusieurs sépultures d’enfants sur un même site (attention évidemment au caractère non exhaustif, rappelons que les limites d’un site sont rarement connues, surtout dans un contexte préventif), les proches ont procédé à des regroupements de tombes. On retrouve ainsi des noyaux de 2-3-4 enfants par exemple, avec des âges parfois assez différents, qui peuvent faire penser au nombre de morts possible pour une même unité familiale. À côté de ça, il existe aussi de véritables nécropoles d’enfants dans le monde romain : certains réunissaient que des enfants d’un même âge, d’autres étaient réservés aux petits enfants, d’autres à tous les enfants…

Inhumer les enfants près des lieux de vie n’est pas anodine : cela montre une réelle volonté de la part des familles de conserver « un lien » avec le petit défunt. Dans mon étude, j’ai pu montrer que les tout-petits mis au jour hors des nécropoles étaient rarement réunis avec des adultes, et encore moins avec des adultes de sexe féminin qui seraient potentiellement leur mère. Pour l’heure, hors des contextes funéraires traditionnels, on ne distingue donc pas une volonté de la part des Gallo-Romains de réunir la mère et son/ses enfant(s), comme cela a été observé dans certaines nécropoles communautaires. Le potentiel « lien » mère/enfant, actif lors de la vie de la mère, n’était donc pas indispensable dans la mort. En revanche, le « lien » qui unissait différents enfants d’une famille ou plus largement d’une communauté semblait avoir de l’importance dans le monde des morts puisque les vivants ont très fréquemment rassemblé les petits défunts entre eux.

Du point de vue technique, travailler avec de si petits corps est parfois difficile et demande une réelle minutie, penses-tu que travailler avec les petits en archéologie exige d’être davantage attentif qu’avec un corps adulte ? 

Mélissa en plein travail

Certainement ! Des os de nouveau-né peuvent facilement être pris pour des os de petit animal ! C’est d’ailleurs là où se trouvait l’un des plus gros problèmes liés à ce sujet : celui de la reconnaissance sur le terrain. Lorsque vous fouillez dans un cimetière, vous vous attendez à trouver des squelettes, vous avez les outils adaptés pour ce type de vestiges. Là, les bébés, on les retrouve littéralement dans tous les contextes ! On imagine bien le fouilleur, pelle et pioche en main, prêt à attaquer les niveaux d’un établissement agricole … et donner un coup fatal au squelette d’un bébé ! Dans les faits, un coup de truelle assez vif peut à lui seul faire « sauter » les connexions d’un petit squelette. Si ce dernier avait été enterré dans une céramique ou recouvert par une tuile par exemple, il aura peut-être une chance d’être sauvé (la protection servant de « bouclier » entre le squelette et les outils du fouilleur). Sinon, le fouilleur se retrouve avec un tas d’ossements qu’il n’interprètera pas forcément comme étant humains : par chance, ils atterriront avec les os de faune et finirons par être identifiés par un spécialiste en post-fouille (mais les informations taphonomiques ne pourront jamais être restituées).  Autrement, ils tomberont dans l’oubli à jamais … 

Voilà comment, pendant de nombreuses décennies, on est passé à côté de nombreuses sépultures de jeunes enfants. Je grossis évidemment un peu le trait, mais globalement c’est quand même comme cela que ça se passait. Mais attention, je ne blâme pas les fouilleurs ! La reconnaissance n’est pas aisée et ces derniers n’étaient pas réellement formés. Je ne l’ai pas dit aussi, mais cela dépend aussi évidemment de l’état de conservation du squelette … 

Depuis plusieurs décennies, le problème s’est amenuisé grâce à l’essor de l’archéologie préventive (et l’intervention presque systématique d’un anthropologue), aux les différentes formations autour de la reconnaissance des restes osseux et à la prise de conscience de la présence d’enfants hors des nécropoles. Désormais, les archéologues y sont familiers. 

Moi, ce qui me chiffonne le plus, ce sont les responsables d’opération qui ont longtemps considéré, au vu du caractère encombrant et inattendu de ces sépultures, qu’elles n’apportaient rien à la compréhension d’un site et, de fait, n’ont pas jugé nécessaire de mentionner ce type de découverte. Mais bon, autre temps, autres mœurs. Aujourd’hui, fort heureusement, l’archéologie s’inscrit dans une réelle démarche scientifique où toute information, quelle qu’elle soit, à sa place. 

Est-ce que dans le cadre de ton travail de recherche tu peux être amenée à côtoyer le domaine médico-légal ou tu travailles uniquement en archéologie “classique” ? 

Non, du tout. 


Question un peu plus personnelle parce que souvent, les personnes qui travaillent autour du sujet de la mort sont souvent affublées de préjugés mais toi au quotidien, en dehors de ce travail qu’est-ce que tu aimes qui  te raccroche au vivants ? 

J’ai de la chance d’être très bien entourée ! Mes amis et ma famille en rigolent : je suis celle qui travaille sur les « bébés morts » ^^. Il est vrai qu’au premier abord ça peut sembler « glauque », mais tu es la mieux placée pour savoir ça ! Je dirais que chez moi cela est renforcé par le fait que j’étudie tout particulièrement la mort des nouveau-nés et nourrissons, et que, aujourd’hui encore, c’est un sujet tabou. Paradoxalement, j’ai trouvé plus de « préjugés » et d’incompréhension de la part de chercheurs. Mais, lorsque j’explique ma démarche, lorsque je présente l’intérêt d’un tel sujet pour mieux comprendre les sociétés du passé et ma volonté de réhabiliter cette tranche de la population qui a longtemps été invisibilisée, que ce soit dans la recherche ou sur le terrain, les gens comprennent rapidement. Montrer que les Anciens n’étaient pas indifférents à la mort d’un enfant malgré l’immense mortalité infantile. La vidéo créée avec « Past and Curious » est un très bon outil de médiation pour moi : en général je renvoie les curieux à cette vidéo pour qu’ils aient un aperçu rapidement du sujet.  

Découvrez la chaîne Past and Curious.


Pour terminer cette interview, c’est le moment pour toi de faire de la publicité si tu as des travaux à promouvoir ou, si ce n’est pas le cas, de promouvoir des choses que tu as aimé dernièrement autour du sujet ? 

Photo par Kristina Amarandos
https://kristinaamarandos.com/

Je travaille à la publication de la thèse qui devrait sortir cette année ou l’année prochaine aux éditions L’Harmattan. J’ai tout un tas d’idées et d’envies sur mon sujet, il reste tellement à faire ! Mais pour ça, il faudrait que je puisse vivre en tant que chercheuse, mais on n’en est pas encore là ! 

Le conseil de Mélissa

J’ai choisi d’étudier l’archéologie funéraire alors que je n’ai pas suivi de formation en anthropologie biologique, comme quoi c’est possible ! Lorsque l’on travaille sur des thématiques funéraires, on a parfois l’impression que ce domaine est la chasse gardée des anthropologues … Je sais qu’au début, j’ai ressenti ça, j’avais l’impression que je devais faire encore plus mes preuves, que je n’étais pas légitime à travailler sur le funéraire… Tout au long des Masters et du Doctorat, j’ai accumulé les stages (beauuucoouup de stages) sur le terrain et en laboratoire. J’ai eu d’excellents formateurs, et surtout formatrices comme Élodie Cabot par exemple car l’anthropologie est surtout un domaine féminin ! J’ai gagné en légitimité, mais cela, tout compte fait, n’était pas le plus important : toutes ces expériences m’ont permis de mieux m’emparer des subtilités de mon sujet et de mieux connaitre sa réalité sur le terrain. Avec les années, j’ai aussi compris qu’il était nécessaire que des non anthropologues, archéologues ou historiens, s’emparent eux aussi de la recherche en funéraire : tout d’abord parce que concrètement les anthropologues de terrain n’ont pas tellement le temps de s’y atteler, et aussi parce que cela apporte un regard différent et complémentaire. Tout ça pour dire qu’on peut travailler sur le funéraire sans être anthropologue, même si bien sûr cela dépend de ce que vous souhaitez faire après vos études : il sera plus difficile (voire impossible) d’être engagé en tant que spécialiste- anthropologue sans passer par les Masters de Bordeaux ou de Marseille. Si vous souhaitez faire de la recherche pure, cela n’est pas un problème. 

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