Visites culturelles et curieuses de Prague

Voyage à Prague

Pour bien terminer 2022, je suis partie à Prague en République Tchèque. Une zone du monde où je n’étais jamais allée, et qui m’a donné envie d’en découvrir davantage. Mais cette semaine dans la capitale a déjà été un très bon début !

Culturellement, ce séjour a été extrêmement riche et surtout au niveau funéraire,  puisque j’ai pu découvrir davantage les rites Juifs que je ne connaissais qu’en surface. Prague a été une excellente surprise, encore mieux que ce qu’on m’en avait dit ! Je vous emmène sur les traces de mes visites culturelles, mais aussi dans quelques bars et restaurants sympas en fin d’article, puisque cette semaine a été synonyme de bons repas et de bons breuvages. Ce n’est pas parce qu’on travaille sur la mort qu’on ne peut pas être un bon vivant !

Ce qui m’a vraiment frappée à Prague c’est la présence très forte de légendes, de magie, et de croyances anciennes. C’est quelque chose qui n’est pas toujours mis en avant dans toutes les grandes villes en Europe, et j’ai trouvé cela très flagrant ici. Les mythes sont toujours très vivants et font partie de l’identité Pragoise. Un élément qui a aussi orienté les visites de ce séjour en plus de visites plus classiques. 

Pour faciliter votre navigation :

 

Les visites funéraires et curieuses

Chaque voyage est l’occasion pour moi de concilier mes visites taphophiles préférées, mais également d’observer et de prendre des notes sur les usages funéraires locaux. Cela me permet d’agrémenter mon corpus de recherche, mais également de comparer mes lectures avec ce que j’observe. Comme je l’expliquais, la ville regorge de détails curieux, de légendes qui y sont associées, et c’est une montagne de lecture qui attend le voyageur qui s’intéresse à cela. Fort heureusement, même si vous ne comprenez pas le Tchèque, il est quand même possible de se ravitailler en livres en anglais ou en français en librairie. J’ai trouvé un petit rayon francophone en plus du rayon anglophone dans la librairie Univerzita Karlova – Knihkupectví Karolinum. Mais il existe une librairie francophone dans la capitale si vous ne lisez pas l’anglais. J’ai croisé Philippe Ariès en Tchèque au gré de ma promenade, c’est forcément un bon signe ! Smrti c’est “Mort” dans la langue locale.

D’ailleurs, la Mort est très présente dans la capitale. Un petit tour dans les ouvrages parlant des légendes locales et c’est un nombre incroyable de squelettes qui reviennent à la vie et d’autres mages et alchimistes que l’on croise au fil de la lecture. En ce sens, j’ai trouvé que Prague était très à l’aise avec l’image de la Mort tant dans sa forme médiévale que dans ses aspects plus sombres liés aux épidémies de peste. Parmi les marionnettes traditionnelles se trouvent sans problèmes des effigies de la Mort, et forcément il m’en fallait une dans mes bagages.

Le vieux cimetière Juif de Prague

Le vieux cimetière Juif de Prague est une visite incontournable de la capitale. C’est un lieu absolument magique et hors du temps.  De plus, il est possible de coupler les visites de Synagogues et autres musées Juifs dans un même ticket ! Dans le quartier de Josefov, le vieux cimetière se trouve en hauteur par rapport aux trottoirs et il est entouré d’immeubles. Les Juifs se sont installés à Prague au Xe siècle et au XIe, et ils subissaient déjà un premier Pogrom. Le cimetière Juif a été en activité du XVe au XVIIIe siècle, et le XVIe s’est avéré être un siècle très prospère pour les Juifs de Prague après des années complexes. Pour autant, malgré les fouilles archéologiques faites dans le quartier, donnant des indices sur la gestion des morts avant le XVe siècle, on n’a pas de date précise de création du cimetière. Idem pour le nombre de morts présents, on ne sait pas exactement combien il y en a, mais le nombre de pierres tombale est estimé à 12 000. 

La plus ancienne tombe de ce cimetière est celle du Rabbi Avigdor Kara datant de 1439 ! Néanmoins, la tombe originelle a été mise à l’abri en musée, et c’est une réplique qu’il est possible de voir dans le cimetière. Au cours de mes visites à Prague, en particulier des synagogues, des expositions étaient présentées dont une dans la synagogue Jérusalem. Des panneaux expliquent ce qui a été mis en place dans le pays par les chercheurs, conservateurs et religieux pour protéger les cimetières Juifs anciens. Ils sont menacés par le temps mais également sujets à des dégradations voire à des vols. L’exposition présentait très bien les enjeux autour de ce patrimoine fragile. Dans le vieux cimetière Juif, on retrouve de très nombreux symboles sur les tombes avec des figurations d’animaux et certains motifs typiques de la religion Juive dans le monde funéraire comme les mains de Cohen par exemple. Les motifs ont commencé à réellement être présents au cours du XVIe siècle sur les tombes avec également l’étoile de David, les grappes de fruits ou encore l’aguière des Lévite. Pour en savoir plus sur les symboles des cimetières au XIXe siècle, découvrez le replay de mon cours en ligne sur le sujet. Pour compléter la visite de ce cimetière, je vous invite grandement à découvrir le musée associé dans la très vieille synagogue qui jouxte les lieux. Là vous découvrirez un musée entier consacré à la Hevra Kaddicha, la sainte assemblée qui regroupe des Juifs volontaires qui s’occupent des morts. Et croyez-moi, cette visite funéraire là est immanquable ! Je vous en parle dans la partie “musées” de cet article.  Pour y aller directement c’est en cliquant ici.

Le musée de l'alchimie

Je pensais que le musée de l’alchimie serait une arnaque et en réalité pas du tout, au contraire ! Le Speculum Alchemiae Museum est une visite curieuse mais très enrichissante pour mieux comprendre toute la magie de la ville. Le musée se trouve dans la plus vieille maison de Prague sous laquelle on a trouvé les restes d’un vrai laboratoire d’alchimistes suite à des inondations. On savait par le biais des archives qu’il y avait des activités alchimiques dans la ville, sans pour autant avoir trouvé de preuves. Au XVe siècle, les archives parlent d’ailleurs d’une activité d’herboriste dans l’immeuble.

Le musée se découvre via une visite guidée, avec des reproductions des salles puisque le sous-sol d’origine est encore très fragile, et y mener des visites n’est pas possible. Tout est en revanche reconstitué. Je ne vous en dis pas plus, mais il y a des petites surprises très sympas pendant la visite où on se croit vraiment dans le secret des alchimistes, j’ai adoré. On peut même découvrir une vraie bouteille d’élixir d’époque découverte dans le sous-sol inondé et analysée par la suite. Car pour se rendre sur place, il y avait de véritables tunnels souterrains, dont certains mènent au château de la ville, et les grands de ce monde versés dans les pratiques alchimiques pouvaient s’y rendre. Sur la liste, le fameux empereur Rodolphe II puisqu’il se rendait en ces lieux au XVIe siècle ! 

L'empereur Rodolphe II est un empereur incontournable dans l'histoire tchèque quand on pense à l'alchimie. En effet, peu versé dans les arts de la guerre ou des stratégies militaires, ce qu'il aimait c'était les sciences et les arts. Il a par conséquent encouragé et protégé beaucoup de créatifs de son époque venus de toute l'Europe. Il adorait l'alchimie et l'ésotérisme, c'est pour cela qu'on le croise très souvent à Prague quand on aborde ces sujets ! De plus, cet empereur qui a vécu entre le XVIe et le XVIIe siècle possédait un cabinet de curiosités réputés dans toute l'Europe. Un personnage bien intrigant !

Un ghost tour nocturne

Je voulais absolument tester une fois dans ma vie un “ghost tour” autrement dit une visite guidée sur le thème des fantômes et des légendes. Ca tombe bien, à Prague il y en a plein ! On a choisi celle de McGee’s, Ghosts & legends of Old town.
En vrai, on pensait se retrouver dans un attrape touriste, et finalement on a passé 90 bonnes minutes en petit groupe à écouter le guide David, un américain qui vit à Prague. La visite est par conséquent en anglais et nous étions les seuls francophones. Ce qui ne nous a pas empêché de gagner le quizz de culture macabre proposé par le guide (oui, bon écoutez j’aime bien jouer ce n’est pas de ma faute). En fait, les histoires effrayantes sont surtout l’occasion de parler de l’histoire locale de façon plus générale. Le guide est en tenue de cocher avec sa petite lampe à la main et sa canne, et nous fait déambuler de nuit dans le vieux quartier. De toutes façons, Prague est remplie d’histoire de fantômes alors on a l’embarras du choix. C’est comme ça qu’on a découvert la maison la plus hantée de Prague, ou bien que sur la place qui se situe en face du musée de l’alchimie, d’étranges phénomènes se sont produits. Une chèvre a pris feu devant la population qui n’en croyait pas ses yeux au XVIe siècle ! En réalité, je ne vous en dis pas plus, mais il est très possible que des émanations douteuses venant du laboratoire d’alchimie aient pu produire quelques hallucinations aux habitants du quartier. C’est pour cela qu’on retrouve le symbole de la chèvre en devanture du musée !

En hiver, malgré le froid, on a bien crapahuté en étant bien habillés, c’était un moment vraiment sympa et je pense que je referai des ghost tours dans d’autres villes pour comparer.

Les reliques de l'église Saint Thomas

Il y a beaucoup d’églises à visiter à Prague, là aussi des choix ont été faits pour en privilégier certaines en fonction de nos intérêts. L’église Saint Thomas est une église toute discrète de style Baroque du XVIIIe. Elle se trouve sur le chemin du château. Elle est assez sombre, mais renferme deux reliques en châsse de verre tout à fait intéressantes.  Je n’ai malheureusement pas trouvé beaucoup d’éléments sur ces deux corps en châsses, mais ce sont des curiosités religieuses sympathiques.

La reproduction de la crypte du sanctuaire Notre-Dame-de-Lorette de Prague

En vous promenant sur les hauteurs de Prague, si vous avez le temps et que vous aimez le patrimoine religieux, je vous invite à visiter le sanctuaire Notre-Dame-de-Lorette de Prague.

Outre une collection d’objets religieux dont certains exceptionnels, il y a une partie tout à fait intéressante qui concerne les Frères mineurs Capucins, et la reproduction d’une crypte redécouverte de façon fortuite il y a quelques années. Si vous suivez Le Bizarreum depuis quelques années, vous ne serez pas surpris de croiser à nouveau cet ordre que je retrouve dans presque toutes mes promenades funéraires !

A l’intérieur de cette crypte construite et décorée au XVIIe siècle, se trouvent des décors macabres tout à fait passionnants. Pour des raisons de fragilité, nous ne voyons que des copies, mais c’est intéresse de constater ce goût des symboles macabres qui ont fini par disparaître dans les usages funéraires. Crânes, sabliers ailés, résurrection de Lazare, autant de fresques intéressantes à découvrir pour les personnes qui s’intéressent au patrimoine funéraire puisque dans cette crypte étaient inhumées des personnes de haut rang afin de bénéficier des grâces locales et de l’intercession. 

Je recommande !

Une main momifiée dans une église

Curiosité De Prague

Des morceaux de corps momifiés, cela est assez fréquent dans les lieux religieux lorsque l’on pense aux reliques. Mais dans l’église Saint-Jacques-le-Majeur de Prague, au bout d’une chaîne pendouille la main momifiée d’un voleur. La légende dit que l’homme a voulu s’emparer des bijoux d’une statue religieuse et qu’une statue de la Vierge lui a attrapé le bras, refusant de le lâcher.  Pour que l’homme ait une chance de s’en sortir, il fallait lui couper le bras.

Voilà pourquoi cette main pend depuis au dessus des crânes de visiteurs. Si la conservation des restes humains de criminels n’est pas rare dans les collections anatomiques et autres musées médicaux, leur présence dans une église est assez étonnante !

Le cimetière Olšany

Direction le plus grand cimetière de Prague, et pour le visiter, je vous conseille de prévoir plusieurs heures. En effet, en plus d’avoir plusieurs entrées et d’être un site avec plusieurs cimetières regroupés dans le même quartier, il faut du temps pour tout arpenter. Très clairement, nous sommes restés une matinée complète et on n’a pas tout fait. De plus, nous n’avons pas pu entrer dans le cimetière juifs puisque nous n’avions pas pensé que nous étions…un Vendredi ! Les cimetières de Prague à la veille de Noël offrent une atmosphère unique. En effet, les familles s’y retrouvent pour venir nettoyer et décorer les tombes de leurs morts (proches ou lointains) en apportant des neuvaines et des bouquets spéciaux pour l’occasion. Comme pour la Toussaint en France, des vendeurs sont postés aux entrées du cimetière et vendent des couronnes de fleurs séchées, des compositions florales et autres branches peintes en doré. Il y a beaucoup de vie dans les cimetières à ce moment-là, ce n’est pas un moment triste même si l’émotion est là aussi, mais certaines familles en profitent surtout pour se rassembler autour d’une activité commune afin de passer du temps ensemble. Pour les parties les plus anciennes du cimetière, c’est une véritable plongée dans la symbolique du XIXe et les goûts en matière de sculpture monumentale. Une partie du cimetière est entièrement absorbée par une forêt de lierre ce qui lui donne un charme tout particulier. Le cimetière est par ailleurs multiconfessionnel et on y trouve plusieurs types de tombes en dehors du cimetière juif qui est séparé. On trouve un coin orthodoxe, un coin militaire, des catholiques, quelques musulmans, des tombes à inhumation, des caveaux impressionnants et des columbarium vitrés. Les familles y déposent des objets souvenir, des photos, des peluches, tant de personnalisation intéressantes à observer. Une visite à ne pas manquer, les œuvres y sont superbes.

Hrdličkovo muzeum člověka

Le Hrdličkovo muzeum člověka est un petit musée d’anatomie  universitaire qui se visite uniquement sur réservation. Pour pouvoir pénétrer les lieux, il faut que les chercheuses qui travaillent in situ et qui gèrent les collections soient présentes. Il se compose de deux pièces au sein de l’université Charles et a été fondé par le Dr. Ales Hrdlicka qui est un chercheur marquant du XXe siècle dans la discipline.  Au moment de ma visite, le musée n’était pas tout à fait terminé en termes de cartels puisque la collection a été déménagée tout récemment. Mais il a été possible de découvrir les éléments à l’intérieur et c’est Google traduction qui a permis de mieux lire les panneaux déjà présents en Tchèque.

La collection se divise en plusieurs sections, une sur l’évolution humaine, une de paléopathologie une sur les trépanations ainsi que de la phrénologie. Il y a aussi des masques mortuaires ethno et locaux, une collection autour des Pygmées suite aux voyages de Pavel Šebesta, ainsi qu’une section autour de la momification égyptienne. La visite était libre ce qui a permis de réellement prendre son temps. Elle est très intéressante, en particulier pour ses collections de moulages si ce sujet vous intéresse. Dans mon travail c’est le cas, alors j’étais contente de découvrir la collection. Je ne mettrai pas plus de photographies de ce musée, mais si vous aimez les anciennes vitrines et découvrir les collections anatomiques d’une ville, c’est une visite faite pour vous.

La Mort de l'horloge astronomique de Prague

C’est probablement l’un des lieux touristiques les plus connus de Prague. L’horloge astronomique de la ville est un symbole important que l’on retrouve à chaque coin de boutique souvenir. Et pour cause, elle est dans son genre assez exceptionnelle et ses décors le sont tout autant. Située sur un des murs de l’Hotel de ville,l’horloge qui date de 1410 a une histoire qui débute avec un épisode assez terrible. Le maître horloger à l’origine de la conception de cette oeuvre, maître Hanus, avait rendu la ville unique et exceptionnelle avec une telle création. Son talent a commencé à être envié en Europe et les demandes d’horloges similaires commençaient à fleurir. L’hrologer refusa et les échevins de la ville commencèrent à avoir peur qu’il trahisse ses employeurs. Alors, ils décidèrent de lui tendre un piège avec une idée terrible derrière la tête : rendre le maître aveugle pour qu’il ne puisse plus jamais créer de nouvelle horloge.

Après avoir pris l’homme en guet-apens, ce dernier a été victime de la barbarie de ces hommes sans scrupule. L’homme désormais aveugle, ne savait pas qui lui avait tendu ce piège. Et un jour où il se rendit près de son horloge pour l’entendre à défaut de la voir, certaines voix lui semblèrent bien familières. Les hommes qui lui avaient fait tant de mal étaient à l’hotel de ville. Dans un élan de courage et de colère, l’aveugle monta à l’horloge et puisqu’il en avait le secret, dérègla certains mécanismes. L’horloge cessa de fonctionner et le maître horloger tomba par terre ne se relevant plus jamais. Ainsi, la légende veut que l’homme dans sa vengeance ait déréglé l’horloge, tant et si bien que depuis le XVe siècle elle est hautement étudiée et surveillée pour permettre à ses mécanismes complexes de fonctionner. Outre son fonctionnement remarquable, l’horloge est composée de nombreux décors qui s’animent chaque heure jusqu’à 21 heures. A ce moment là, des statues des Apôtres défilent, puis des personnages se mettent à bouger : la Vanité, l’Avarice, la Convoitise et la Mort, tous personnifiés. Les cadrans quant à eux sont au nombre de deux. Celui du haut sert à lire l’heure ainsi que de voir la position de la Lune et du Soleil. Le cadran du bas indique les signes astrologiques et les Saints du jour.

Il est à noter que la croyance en une malédiction liée à l’horloge est toujours vivace à Prague. En effet, la colère de son créateur plane toujours sur son oeuvre et on retrouve de nombreuses histoires de catastrophes locales liées à cette dernière. Épidémie de peste, inondations, de quoi contribuer au folklore local au fil des siècles.

En bref, ne loupez pas ce spectacle gratuit, mais attention, la place est noire de monde au moment tant attendu !

Les musées et sites historiques

Le musée de la Hevra Kaddicha - Ceremonial Hall

Est-ce que vous avez déjà vu un musée exclusivement consacré aux gens qui s’occupent des morts? Moi jamais alors que ça fait des années que je travaille sur le sujet. On ne va pas se mentir, socialement en 2022, s’occuper des morts est toujours associé à une forme de marginalisation. Mais, dans les milieux pratiquants religieux, cela prend une autre ampleur. Dans la religion Juive, tout le monde ne peut pas s’occuper des morts, il faut faire partie d’une société spéciale appelée la Hevra Kaddicha. Ce sont des hommes et des femmes qui vont s’occuper des morts en suivant les préceptes de leur religion. Les hommes pour s’occuper des hommes et les femmes pour s’occuper des femmes. Une  division genrée des fonctions qui n’est pas rare dans les traitements funéraires à travers le monde et l’histoire. Le bâtiment est celui qui a réellement été utilisé par les personnes en charge des morts et a été construit entre 1906 et 1908. Le rez-de-chaussé servait à la conservation des corps, le premier étage à la purification des morts, la taharah, et le deuxième étage servait de lieu de réunion des personnes en charge des morts. Sur deux étages, on découvre la Hevra Kaddicha de Prague, très ancienne, qui a laissé des objets fascinants et surtout des tableaux montrant toutes les étapes de leur travail. J’ai été vraiment heureuse et émue de voir ce musée puisque souvent, quand on travaille autour de la mort, on se sent toujours socialement un peu en marge. Ici, c’est vraiment ce travail religieux et technique qui est mis en avant et ça fait un bien fou de voir ça ! La Hevra Kaddicha a même commandé une série de tableaux peints par un anonyme en 1772 explicitant toutes les étapes de leur mission allant du dernier souffle du mort à l’inhumation. On découvre de très nombreux objets personnalisés en lien avec l’activité de ce groupe très particulier et même une authentique planche qui permettait la toilette rituelle. Vraiment, je vous conseille de découvrir ce lieu puisque c’est très rare de voir autant de pratiques funéraires explicitées en un seul endroit. Le visiteur peut être un peu perdu si il n’a aucune connaissance des rites funéraires Juifs, mais si vous y aller en connaissance de cause, cela sera sûrement plus clair. Si vous travaillez dans le funéraire, c’est une visite à ne pas louper.

Les synagogues et leurs expositions

En utilisant les tickets combinés pour les synagogues et les musées Juifs de Prague, il est possible de toutes les découvrir. Certains billets sont en revanche séparés mais vous pouvez tous les acheter au même endroit. C’est l’occasion de découvrir plusieurs types d’architecture concernant ces lieux de culte, et certaines proposent des espaces muséaux autour d’une ou plusieurs thématique. Chacune a la sienne. Dans la synagogue “espagnole” se trouve une exposition sur la vie des Juifs à Prague, en particulier la période de la déportation et de l’extermination. La synagogue Klausen présente de nombreux objets de culte Juif et à l’étage on peut découvrir des objets liés aux grandes étapes de la vie de la communauté : naissance, bar-mitzvah, mariage…de quoi mieux comprendre comment se déroule la vie d’une personne pratiquante. La synagogue Pinkas est une visite émouvante car des dessins des enfants du camp de concentration de Terezin sont exposés. Les murs sont recouverts des 77 297 noms et prénoms des juifs du pays assassinés par les nazis. Un rappel toujours nécessaire face à la barbarie d’un monde qui parfois n’a que peu appris de son histoire. La synagogue de Jérusalem proposait quant à elle de découvrir comment les cimetières Juifs de République Tchèque sont préservés à l’heure actuelle. Un point historique et taphophile très intéressant. Ma préférée est la synagogue Vieille-Nouvelle, la plus ancienne synagogue d’Europe toujours en activité.  Achevée en 1270, il s’en dégage une atmosphère très particulière, surtout quand il n’y a pas d’autres visiteurs. Une dame nous a expliqué des choses liées au culte, mais la visite est libre. Si cette synagogue est si importante, au-delà de son aspect historique, c’est aussi parce que le Golem se trouverait dans ses combles… d’où les échelons sur le mur. C’est magique et passionnant ce quartier à Prague !

Le Golem est une créature de la mythologie Juive. Fait d'argile, il aurait été créé par le Marahal plus connu sous le nom de Rabbin Loew au XVIe siècle. Sa tombe est d'ailleurs visible au vieux cimetière. Le Golem aurait été fabriqué pour protéger le peuple Juif des nombreux pogroms. Le golem a été amené à la vie par le rabbin en inscrivant EMET(H) (אמת, vérité en hébreu) sur son front. Pour le stoppe, il faut effacer de son front la lettre "E" pour que le mot correspondant soit MET(H) autrement dit "mort". Depuis, il serait entreposé dans le toit de la synagogue et est très surveillé.

Le musée du communisme

Le musée du communisme est une sacrée claque pour mieux comprendre l’histoire du pays. A mon sens, c’est un musée qui doit vraiment être visité pour comprendre les traumatismes de la population tchèque. Le musée est un des plus onéreux visité pendant le séjour, mais la visite et la muséographie justifient à mon sens le tarif. Il se divise en 3 parties qui nous mènent au gré de la visite dans le quotidien des habitants du pays. “Rêve”, “Réalité” et “cauchemar” sont les trois thématiques des salles du musée. La visite commence pendant la guerre de 39-45, et on avance chronologiquement jusqu’à la chute du régime dans le pays. De beaux objets sont présentés et la muséographie est claire, nette et surtout j’ai trouvé appréciable qu’elle reste sans trop de gadget face à la gravité du sujet. La partie “cauchemar” m’a beaucoup marquée puisqu’on découvre les punitions, surveillances et autres mises à mort dans le pays pour celles et ceux considérés comme des ennemis du régime. La suite est tout aussi glaçante avec l’éducation de la population dans la peur en lien avec les attaques nucléaires ou encore une troisième guerre mondiale. Tchernobyl est évoqué en fin de visite. Visiter ce musée, c’est comprendre davantage le quotidien de plusieurs générations de tchèques, et mieux comprendre les traumatismes vécus. C’est aussi, éviter d’acheter une chapka communiste à un marchand de souvenir et l’arborer dans les rues de la capitale comme le font de nombreux touristes qui n’ont pas conscience de tout cela.

La maison de la municipalité & le musée Mucha

Bien que les deux visites ne soient pas liées, j’ai décidé de les regrouper puisque les deux sont en lien avec l’artiste Alfons Mucha. Le musée est bien souvent la visite principale recommandée, mais si on veut réellement voir une salle complète peinte par l’artiste, il faut se rendre dans la maison de la municipalité (photo 2, peinture par Mucha). 

Le musée Mucha n’est pas très grand, et on suit son parcours artistique et personnel au gré des oeuvres et croquis exposés. Le musée est assez onéreux ce qui peut décevoir certains visiteurs compte tenu de sa taille. Les visiteurs Français seront par conséquent plus susceptibles d’avoir déjà vu des oeuvres de l’artiste, puisqu’il a travaillé à Paris au cours de sa vie.

Néanmoins, je trouve que la visite reste sympathique et la boutique souvenir très accessible en termes de prix. Du coup, pour voir des oeuvres de Mucha peintes et non publicitaires à Prague, il faut participer à la visite guidée de la maison de la municipalité, Obecní dům. Si vous aimez l’architecture et les décors du début XXe, il ne faut vraiment pas louper cette visite. On déambule de façon guidée dans les différentes salles de la maison, chacun possède son style : la salle de ces dames, la salle de ces messieurs, la salle d’inspiration orientale et les salles peintes dont une par Alfons Mucha. Tout est un régal pour les yeux et nous avons eu une guide extra, très drôle aussi, vraiment c’est à faire.

Pour couronner le tout, je vous conseille d’aller prendre un chocolat au café de la maison, ou même manger, puisque les salles sont également décorées.  C’est très dépaysant et ne soyez pas effrayé par le chic de l’endroit, si certains clients s’habillent pour prendre la pose, d’autres – comme moi – étaient en tenue bien plus classique !

Sinon, vous pouvez aussi aller voir les vitraux de l’église Saint Guy, mais nous ne les avons pas vus, le programme était déjà très chargé et surtout compté pour les visites aux horaires serrés.

Le monastère de Strahov et son cabinet de curiosités

Les plus courageux iront au monastère de Strahov à pieds en remontant la côte qui y mène. C’est qu’il se mérite ! La visite est un incontournable de la ville, ce qui explique pourquoi on y croise beaucoup de touristes seuls ou en groupe. Nous avons uniquement visité la bibliothèque qui est incroyable, mais ce que j’ai préféré c’est surtout…son cabinet de curiosités ! C’était la première fois que je pouvais découvrir des taxidermies aussi anciennes, surtout celles qui concernaient le monde marin. Pas toujours réussies, le fait de les avoir conservées et exposées permet d’avoir un bon aperçu de ce type de collection au moment où elles étaient à la mode. Il y a par ailleurs une rubrique spéciale “cabinet de curiosités” dans le menu de mes articles. L’ensemble de ce cabinet regroupe la faune, la flore, des fruits en cire, des éléments militaires, des objets archéologiques, en bref de quoi satisfaire celles et ceux qui aiment ce type de collections. Quant aux espaces les plus connus de la visite, ils sont à la hauteur de leur réputation ! J’ai trouvé la visite relativement courte et cela doit être assez désagréable quand il y a beaucoup de monde, nous avons eu par conséquent de la chance.

Les bars et expériences cools

Prague est réputée pour sa bière moins chère que l’eau, et ses plats gargantuesques. Je confirme, les deux affirmations se vérifient ! Comme j’aime bien pour parler de temps en temps des endroits où j’ai pu manger lors de mes visites culturelles, là je vous présente quelques expériences sympas que j’ai pu tester dans la capitale.

Le meilleur trdelnik à Trdelnik & Coffee au quartier juif

A mon sens le meilleur trdelnik de la ville ! Il est moelleux et croustillant et les toppings sont délicieux. Faits devant vous, ces trdelnik kasher ont été mes gourmandises préférées malgré la présence du marché de Noël non loin. Testé avec, le tchaï latte avec un thé vanille, mais on vous propose presque une dizaine de thé différents. Si vous visitez le vieux cimetière juif, remontez la rue en sortant et vous tomberez sur la devanture verte !

Le café Lucerna

Situé dans le superbe passage Lucerna, on découvre un salon de thé art déco qui propose des pâtisseries généreuses et des boissons. C’est dans ce passage que se trouve la statue équestre disposée à l’envers représentant Saint-Venceslas, le Saint patron de la ville.

Las adelitas

Un restaurant mexicain en sous-sol qui se situe en plein quartier touristique. Je vous le recommande, les plats sont très frais, leurs choix de cocktails sont incroyables et il y a une super ambiance avec de supers serveurs. Une bonne surprise, on y est allés deux fois dans la semaine, soir et midi c’était parfait. La michelada est très bonne soit dit en passant si vous aimez ça (c’est ma boisson préférée).

Kafka hummus Café

Toujours dans le quartier juif, il y a le Kafka Hummus Café. C’est un restaurant jeune et  branché où l’on mange des spécialités  vegan mais pas que, en déclinaison autour de saveurs méditerranéennes. Il n’est pas donné, mais les portions sont généreuses, on en a pour son argent ! Et la déco est très sympa. 

Le Spa Beerland

J’étais persuadée que c’était une activité pas très distinguée, mais en réalité ce spa à bière était une super expérience. Il y en a plusieurs dans la ville, on a pris le spa Beerland. L’accueil est très chic, on nous propose une première bière gratuite en arrivant. Puis, nous partons dans notre salle privatisée où nous attend une baignoire en bois avec de l’eau chaude. Au programme, poudre de houblon et levure de bière dans l’eau…et bière pression à volonté. Blonde ou brune, pendant une heure on profite des bienfaits du houblon et on peut aussi se reposer de cette activité très éreintante (humour bien entendu) en profitant d’un lit de paille. Bon, pour ce point, je préfère quand même être dans l’eau chaude ! Mais c’est une expérience vraiment sympathique, si ça entre dans votre budget c’est amusant et on passe un vrai moment de détente.

Le Nightmare horror bar

Je voulais absolument tester le Nightmare Horror bar de la capitale puisque c’est un bar souterrain entièrement dédié aux films d’horreur ! J’adore les fils d’horreur au grand désespoir de ma famille qui en a parfois assez, mais là je ne pouvais pas louper cette occasion. Nous y sommes allés à l’ouverture en fin d’après-midi pour profiter du fait qu’il n’y avait personne pour s’amuser et prendre des photos. Entre les affiches de films et les personnages grandeur nature, tout est pensé en termes d’humour horrifique. Même les toilettes. Les cocktails sont tous sur des thèmes de films d’horreur et on peut même déguster des shooters spéciaux servis sur une machette en bois. Une partie de jeu d’arcade et des cocktails plus tard, on est repartis conquis. La serveuse était très cool en plus !

"K" two brothers

K Two Brothers Prague

Le “K” two brothers est le restaurant indien où vont toutes les stars internationales de passage dans la ville. Je ne suis pas une star, mais c’était l’endroit du repas de Noël en soirée ! Tout était délicieux et très abordable, le patron était aussi adorable, on a passé un excellent moment dans un décor moderne mais rendant hommage au passé de l’Inde. Évidemment c’est un faux tigre sur le mur !

Green devil's absinth bar

L’absinthe est devenue une des boissons phares de la ville. Vous allez me dire que ça n’a pas de sens puisque l’absinthe coulait à flot chez nous au début du XXe siècle. Et bien justement, alors que les restrictions et interdictions ont pointé le bout de leur nez au siècle dernier concernant la fée verte, elle s’est déplacée et est devenue une boisson consommée localement. Pour la déguster, le mieux est d’aller dans un bar spécialisé. Le Green devil”s bar n’est pas un bar qui nous plonge au début du siècle dernier, au contraire c’est plutôt un grand foutoir souterrain digne des clubs des années 90. En revanche, la carte des absinthes est très imposante et bien qu’elle soit à nouveau distillée en France, elle n’est pas pour autant commune dans nos boissons apéritives du quotidien. L’absinthe coûte assez cher sur place, mais pour l’expérience ça vaut le détour. Spoiler : je n’aime pas ça en définitive, mais j’ai fini mon verre quand même ! On a même eu un jeune serveur ravi de tomber sur des français pour lui expliquer la prononciation de certaines absinthes françaises !

Le café de la maison municipale

Comme je l’indiquais, la visite guidée de la maison municipale est une véritable plongée dans l’histoire des années 1910. En allant boire un coup et en dégustant pourquoi pas une patisserie, vous pourrez profiter du cadre incroyable du bar à des prix là aussi assez raisonnables. Rien que pour le décor je recommande.

Prague : paradis végan et bières insolites

Pour terminer, Prague a été une super surprise en termes de choix végétariens et végans pour se nourrir pendant le séjour. C’est un peu plus difficile dans les restaurants proposant de la nourriture tchèque même si il y a des alternatives de temps en temps. Mais pour le coup, on peut manger facilement même quand on ne mange pas de tout !

 

Quant aux boissons nombreuses, on peut noter la bière qui se boit de différentes façons. La plus surprenante étant la bière façon mliko, autrement dit beaucoup de mousse à déguster comme une sucrerie et un fond de bière. On peut par conséquent choisir si on veut une bière “classique”, une bière avec un peu plus de mousse, ou une bière carrément blanche ! C’est amusant.

Moins végan ou végé, à Noël, il y a des vendeurs de carpes vivantes sur les boulevards de la ville. Ils viennent avec de grands bassins et préparent les carpes pour les clients qui viennent acheter leur part pour les fêtes !

En définitive, c’était un séjour très riche à tous les niveaux ! Malheureusement, je suis tombée malade en fin de séjour et je n’ai pas pu aller en train voir l’ossuaire de Sedlec. Mais ce n’est que partie remise car j’ai plein d’ossuaires et de momies à elles voir autour de Prague si un jour je reviens. Merci de votre lecture et à bientôt ! Juliette

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