Mon voyage en Inde : Du Rajasthan à Varanasi

Blog voyage en Inde

Il a fallu que je décante mon retour d’Inde, pour pouvoir enfin vous en parler. Bientôt 3 mois que j’ai été là-bas et une chose est sûre : j’y pense tous les jours. Il n’y a pas un seul lever, ou un seul coucher où je ne pense pas à l’Inde. Quand je suis chez le dentiste à me faire torturer les molaires : je pense à l’Inde. Quand je rêvasse : je pense  à l’Inde. Quand je dors : je pense à l’Inde. A vrai dire, dans mes voyages, nombreux sont ceux qui ont été marquants. Mais aucun n’arrive au niveau de ce pays à mes yeux pour le moment.

Ainsi, l’Inde peuplait mon imaginaire depuis ma plus tendre enfance. Allant du film La cité de la joie (qui est à l’origine un roman), en passant par le jeu d’ordinateur Road to India, puis en écoutant pendant des heures des radios indiennes lors de mon adolescence, je sentais au fond de moi qu’il fallait absolument que j’y aille. C’est chose faite, j’ai posé mon pied dans ce gigantesque pays où aucune région ne se ressemble, au cours de l’été 2024.  Et une chose est sûre : je n’attends que d’y retourner. Je m’excuse d’avance pour la taille de cet article, on ne ressort pas indemne d’un tel voyage tant on en a pris plein la vue !

Visite de Delhi : le choc et le rêve

Avant d’aller en Inde, c’est un mélange d’émotions qui nous traverse. On entend tellement tout et son contraire, qu’il est difficile de savoir comment nous allons, nous-même, réagir à un tel contraste de vies. En tant que femme, je me posais des questions. J’étais inondée aussi de nombreuses recommandations : attention à la nourriture, attention aux animaux, attention à la route, attention aux gens. Ma chance, enfin notre chance, puisque nous sommes partis à 2, est surtout d’avoir en premier lieu délégué l’organisation de ce voyage à une agence locale. Je suis dans le monde du tourisme depuis 10 ans cette année (en parallèle de mon travail de recherche), et pourtant, je me voyais mal partir sans un minimum d’accompagnement sur place. J’ai pu faire appel à l’agence Voyage in India, et cette première expérience a été encore plus enthousiasmante que prévue. Evidemment c’est un post non sponsorisé : j’ai payé mon voyage.

A contrario de beaucoup de mes aventures, celle-ci n’était pas destinée au monde funéraire, comme je peux le faire lorsque je me déplace pour mon sujet. Mais, il me semblait compliqué dans mon cas de ne pas aller à Varanasi ou Kashi, lieu des rêves, du Gange et des crémations. C’est ainsi que j’ai pu faire une partie du Rajasthan, une “petite boucle” pour partir ensuite en avion à Varanasi. C’est en commençant le séjour à Delhi que j’ai pu goûter à la saveur moite et étouffante de la mousson locale. C’est un pari de partir lors de la mousson, mais si les épisodes de pluie ne sont pas trop handicapants, vous n’aurez presque pas de touristes sur les sites touristiques, à part des indiens et des espagnols. Ce qui, disons-le, tranche radicalement avec la saison automnale bien plus sèche qui voit arriver son lot de voyageurs. 

Delhi, c’est un chaos organisé, il faut avant tout s’armer de patience car l’Inde n’est pas un pays pour celles et ceux qui aiment que tout aille vite. Oui, tout va à 100 à l’heure, mais dans un calme relatif. Il faut aussi accepter que la notion de proximité physique change beaucoup de chez nous, les indiens n’ont pas de crainte à être proche de vous. La preuve lors de mon vol Djeddah – Delhi où un papi revenant du pèlerinage à la Mecque, a littéralement tenté de me traverser pour être sûr de rentrer dans l’avion. Et des cas comme cela, il y en a eu plein d’autres, que ce soit mes mains touchées par des inconnus lorsque je marchais dans la rue, aux accolades lors de selfies (la passion des indiens), ou encore quand une enfant en train de mendier m’a baisé les bras en marchant à mes côtés…Autant de cas qu’il faut être aussi prêt à vivre, et pour lesquels notre distance sociale européenne est parfois malmenée.

Delhi, c’est un choc sonore, visuel, olfactif, et comme il est écrit dans de nombreux guides, il faut absolument se laisser emporter. Lutter, c’est s’épuiser, tenter de comprendre l’incompréhensible. En cette semaine de préparatifs de la fête de l’Indépendance, certains monuments étaient fermés au public. Mais cela ne nous a pas empêché de visiter de nombreux sites. D’ailleurs, l’Inde n’est pas un pays que je recommanderai aux personnes qui ont peur de tomber malade, beaucoup de visites se font en se déchaussant, et parfois il faut accepter d’utiliser le pédiluve collectif comme au temple Gurdwara Bangla Sahib, plus grand temple Sikh d’Inde.

Parlons visites justement. J’ai visité plusieurs sites assez classiques et incontournables à Delhi, ce qui semblait assez évident pour un premier voyage. Il faut dire que le plus dur pour moi a été la chaleur, les deux premiers jours, et j’ai fini par m’habituer ! Premier arrêt à Qutab Minar, le plus grand minaret d’Inde, et surtout un site archéologique enchanteur rempli de petits écureuils. Le minaret a été construit entre le XIIe et le XIVe siècle, et les façades des monuments autour se distinguent par leurs écrits calligraphiés extraits du Coran. C’est un site historique majeur, si bien que même Tintin y est allé ! Avec un peu de soleil, les couleurs doivent bien plus ressortir.

Ensuite, direction le temple Gurdwara Bangla Sahib qui est, comme je le mentionnais, le temple Sikh le plus grand d’Inde. Il me serait très complexe de vous expliquer le Sikhisme dans cet article, Internet regorge d’informations. Néanmoins, c’est une des visites marquantes à Delhi puisque c’est un temple très visité, tant par les touristes que par les croyants. Pour entrer, on enlève ses chaussures, on se met en pantalon, on se couvre la tête et c’est parti ! D’ailleurs, les vêtements prêtés sont en général très chamarrés, bonne tranche de rire en perspective. On peut visiter une gigantesque cuisine qui permet de nourrir gratuitement des gens qui en ont besoin. Cette cuisine est occupée par des bénévoles mais aussi par des veuves qui peuvent percevoir un petit salaire. Je vous parlais de la difficulté des veuves dans un article dédié à ce sujet sur mon blog. C’est extrêmement impressionnant de voir toute cette agitation et de déambuler pieds nus dans la farine. Si on avait eu le temps, on aurait sûrement profité d’un repas également car c’est aussi possible lorsque l’on est voyageur.

Une fois la cuisine visitée, on passe au temple. Petit passage par le pédiluve dont je vous parlais, puis on atteint l’entrée via des marches en marbre. J’ai failli tomber à peu près 42 fois avec les pieds mouillés, mais ça en vaut vraiment la peine car vous serez plongés dans une religion pour laquelle vous ne cernerez aucun code, et où tout ce que vous pourrez faire, c’est regarder. Comme souvent en Inde d’ailleurs. Le guide nous a aidé à avoir des informations supplémentaires, et c’était bien agréable.

Visiter Delhi, c’est aussi découvrir plusieurs religions et surtout une histoire de l’Inde très complexe. Je recommande d’ailleurs de lire à propos de l’Inde avant de partir, car pour discuter avec les indiens ensuite, c’est utile, afin de ne pas être perdu dans les repères chronologiques. Et puis, ça leur fait aussi plaisir de voir que l’on s’intéresse à leur culture et à leur histoire ! On a rencontré des gens absolument fabuleux au cours de ce voyage et surtout des gens très cultivés.

Nous avons le lendemain mis le cap sur Jama Masjid, la grande mosquée de Delhi. La traversée jusqu’à cette dernière est toute une aventure, c’est là que j’ai réellement commencé à sentir que j’étais loin de chez moi, et qu’il fallait apprendre les habitudes locales, en particulier pour marcher et traverser la rue. A la mosquée, j’ai vu un des rares chats de mon séjour (le second était au Taj Mahal), par contre il y a plein de chiens dans les rues en Inde ainsi que des vaches bien entendu. Dans cette mosquée, tout comme dans le temple Sikh de la veille, des vêtements nous sont prêtés malgré notre respect des normes vestimentaires. Comme vous le voyez, les hommes ne sont pas épargnés par des tissus là aussi amusants. Pour moi, le gros avantage de partir avec un guide indien francophone, c’est avant tout pour nous apprendre les codes. On est assez déboussolés en arrivant, et on n’a pas envie de mal faire les choses au risque de vexer nos interlocuteurs ou de se faire avoir. C’est pour cela que cette logistique était idéale, et pour les gens qui hésitent à visiter ce pays (mais qui en ont très envie). Rien n’empêche de partir seul une fois que l’on se sent d’attaque. Mais dans le cadre de mes vacances, étant moi-même dans le tourisme à côté de mes activités thanatologiques, je voulais faire travailler mes collègues indiens et surtout me décharger d’un stress supplémentaire.

Après cette visite, plongée dans le vieux Delhi à pieds. C’est tout ce dont je rêvais, les tuktuk, les senteurs agréables et d’un coup putrides, les gens, les couleurs, les klaxons. Tout cela est si difficile à décrire, mais j’ai adoré cette partie du voyage puisque c’était vraiment l’occasion de marcher, découvrir et arpenter cet univers qui bouleverse notre imaginaire. J’étais sincèrement émue dans ce vieux Delhi, c’était, avec Varanasi, les points culminants de mon séjour. J’ai commencé à acheter des choses, et sans surprise je suis revenue avec beaucoup de souvenirs.

Visite du vieux Delhi

Rien que Jama Masjid et le vieux Delhi nous ont pris une matinée ! J’ai testé le tuktuk pour la première fois et clairement c’est à vivre. Mais manger c’est sacré, les restaurants étaient choisis aux soins de notre guide. La plupart du temps, ce n’était pas cher, mais toujours plus cher que dans des restaurants très modestes. Néanmoins, nous n’avons été malades nulle part ! La plupart des plats étant préparés minute, cela permet aussi d’ajuster votre dose de piment. Pour nous les européens c’est no spicy ou little spicy of course. On a mangé au Drama Delhi, c’est vraiment une expérience en soi. Le soir c’est vraiment la fête, mais le midi on  était presque les seuls. La décoration sur le thème de Bollywood était pleine de références, c’était fun et le patron était super sympa.

La plupart du temps lorsque je voyage dans un pays où il y a un risque de turista élevé, je ne bois que du coca ou éventuellement de la bière. Je ne prends pas le risque des jus, et attention aux cocktails sans alcool, les glaçons se glissent parfois à l’intérieur. Mais en demandant gentiment sans glaçon, vous aurez ce qu’il faut. Le sens du service est irréprochable en Inde, c’est même parfois trop, et on n’est pas habitués. Mais j’ai remarqué que quand on se régale et qu’on le dit, cela fait tellement plaisir aux serveurs et restaurateurs, qu’on a parfois le droit à des petites sucreries en plus ! (Bon, j’ai remarqué, dans tous les pays on me donne à manger en cadeau, loin de moi l’idée de me plaindre mais il faudrait que je creuse la question).

L’après-midi, route pour un peu de funéraire ! Direction le mausolée de Gandhi appelé aussi Raj Gat. C’est un lieu très paisible, les indiens viennent se recueillir et profiter également des espaces verts. Ce sont des endroits parfaits pour se reposer un peu du tumulte de la capitale.

Cette plateforme de marbre noir symbolise le lieu de crémation de Mahatma Gandhi en 1948. Il y a une flamme éternelle qui brule, et sont inscrites les dernières paroles de Gandhi “Ô Rama”. C’est émouvant d’être là, déjà d’une part quand on travaille autour de la mort comme moi, mais aussi parce que Gandhi est un symbole de l’Inde très fort et reconnu partout dans le monde. Même si il n’y a plus de corps, les marques de respect des visiteurs sont toutes aussi importantes.

Visite de Raj Gat

Ensuite, court passage au puits à degré Agrasen ki Baoli qui est situé à Delhi. Les puits à degrés se retrouvent à plusieurs endroits en Inde sous le nom de Baoli ou Baori. Ces endroits sont considérés comme sacrés pour les Sikhs et les hindous, ce qui explique pourquoi on peut y voir des célébrations. Celui de Delhi serait réputé pour être un des plus hantés, mais bon, ce ne sont que des “on dit”. En tous cas c’est vertigineux, nous en verrons un autre au Rajasthan, mais celui-ci offre un coin de calme dans la ville et un endroit pour les amoureux !

Visite de Agrasen ki baoli.

Comme vous pouvez le constater, ce sont des journées assez chargées puisque notre temps de séjour était court. En principe, les gens restent bien plus longtemps en Inde, entre 15 et 20 jours pour faire de longs périples. Mais pour des raisons professionnelles, j’ai dû limiter à une douzaine de jours.

L’après-midi se poursuit avec la visite du tombeau de Humayun. Cet ensemble architectural est très représentatif de l’architecture Moghole que l’on retrouve beaucoup au Nord de l’Inde. Le Taj Mahal est une architecture Moghole par exemple. Sur ce site, on se situe au XVIe siècle, et le site abrite 150 tombes de la famille, ce qui lui donne parfois le nom de “nécropole moghole”. On retrouve le concept de tombe-jardin sur ce site, la mousson offre à la ville un aspect verdoyant et fleuri absolument ravissant.

Comprendre l’empire Moghole.

Visite de la tombe de Humayun.
Visite de la tombe de Humayun.

Comme vous pouvez le constater, l’architecture moghole se distingue par des édifices très géométriques à coupole. L’empire moghole de confession musulmane est très visible dans le paysage du nord de l’Inde, témoin de son expansion dès le XVIe siècle. Le site de Humayun présente de nombreuses tombes très simples du moment où l’on entre dans les mausolées.

Visite de la tombe de Humayun.

Ces visites à Delhi s’achèvent et le lendemain, nous allons rouler de très nombreuses heures en compagnie de notre chauffeur Jaiveer, en direction de Jaipur. L’occasion de nouer du lien, de discuter, de découvrir et aussi d’écouter de la musique et de rigoler. J’ai beaucoup aimé rencontrer les indiens, ils aiment bien faire des blagues et taquiner. On a pu discuter avec pas mal de monde finalement lors de ce séjour puisque tout le monde parle anglais ou presque. Voire un petit peu français puisque les indiens sont très friands d’apprendre de nouvelles choses, grâce à Youtube et Instagram, en particulier des langues dont le français.

Sur la route de Jaipur

Sortie de Delhi pour prendre l’autoroute est une aventure en soi. Souvent, on se rappelle de pourquoi il nous serait impossible de conduire nous-même en Inde. Mais malgré l’aspect tortueux de la conduite indienne, nous ne voyons jamais personne s’énerver ou dépasser les vitesses autorisées. Et une fois arrivés sur l’autoroute pour de nombreuses heures, c’est le calme plat. Il n’y a pas d’autres voitures que nous, des animaux traversent (comme partout en Inde), mais aussi les travailleurs des champs qui portent sur leur tête des kilos d’herbes ramassées à la main. Pas de machines, comme dans beaucoup de pays, le travail aux champs se fait à la force des hommes, des femmes et des bœufs.

En route pour Jaipur

J’ai du mal à nous situer sur la carte, mais une fois sortis de l’autoroute en direction de Jaipur, le paysage a beaucoup changé. Le long des routes se trouvent des tailleurs de pierres. Ces derniers fabriquent des ornements pour les temples et les jardins, mais aussi, comme nous le dira Jaiveer, des effigies de défunts ! Jusqu’à présent, je ne venais pas pour étudier concrètement le funéraire, mais en réalité la mort est partout entre les mausolées, les histoires de vies entendues et le grand dévouement familial lié aux funérailles. Si l’Inde se distingue par son industrie du mariage sur chaque panneau publicitaire, les funérailles elles aussi drainent beaucoup d’invités et de dépenses, encore plus dans les villages. Si vous suivez mon travail, c’est un moment important du socle social comme je le dis souvent.

C’est au bord de la route que nous dégustons pour la première fois un repas issu d’un restaurant de route. Autant vous dire qu’au début je n’étais pas rassurée car nous sommes arrivés dans ce restaurant routier entouré de boue pour déguster un plat avec nos mains. Mes préjugés étaient infondés puisque je n’ai pas été malade (j’ai toujours très peur d’un problème gastrique impromptus après de mauvaises expériences), et surtout c’était délicieux ! On a passé un excellent moment avec Jaiveer.

Sur la route de Jaipur

La nourriture est bien entendu incroyable en Inde, si vous aimez ce type de cuisine vous allez vous régaler. Pour nous qui mangeons végétarien (moi je mange un peu de viande de temps en temps), c’est idéal. C’est d’ailleurs quelque chose qui surprend beaucoup les indiens de voir que l’on ne mange pas de viande. La viande est davantage un met pour les touristes qui ont du mal à s’en passer, ou pour des communautés qui n’ont pas le végétarisme dans leurs traditions. Selon la culture mais aussi le niveau social, le végétarisme peut devenir une norme. Mais il y a de grandes facilités à manger sans viandes dans le pays. Pour certains indiens que nous avons rencontré, et d’autres chez qui nous avons mangé, le végétarisme est plus une philosophie. Manger une bête qui a souffert ou qui a eu peur ne peut pas donner une viande saine. Cette idée rejoint aussi beaucoup les concepts ayurvédiques très présents en Inde en lien avec la santé. Mais comme l’indique un article de Courrier international, il y a aussi une part de végétarisme issue de la culture de naissance chez une partie de la population indienne. C’est une question bien plus complexe qu’il n’y parait ! C’est la même chose pour l’alcool, il est possible d’en acheter en Inde, mais l’ivresse est mal vue puisqu’elle conduit à des actes déraisonnables pour soi et pour les autres.

Le temple de Galtaji

Visite de Galtaji

Un des moments marquants de ce séjour reste l’arrivée et la visite du temple de Galtaji près de Jaipur. Niché dans la montagne, c’est la rupture totale avec tout ce que vous connaissez. La descente de la voiture est une aventure en soi entre les vaches et la boue mélangée au purin. Pas de doute, on est à la campagne ! Comme sur beaucoup de sites, lorsque vous sortez de votre voiture en tant que voyageur étranger, vous êtes un petit peu la proie de toutes les personnes qui ont quelque chose à vous demander. Ce n’est pas évident, parfois certaines personnes sont très insistantes, mais j’ai toujours gardé mon calme et le sourire. Mendier ne doit pas être quelque chose d’agréable on s’en doute, alors être mal traité en plus est à mon sens quelque chose de sadique. Ma technique fonctionne, la plupart du temps les gens arrêtent ou discutent sans rien me demander. Et comme sur beaucoup de sites, des gens vont venir vers vous pour vous guider. La plupart du temps, il y a des faux guides ou des personnes qui tentent de demander quelques roupies. Notre chauffeur nous a dit de ne pas suivre de gens, et on ne l’a pas écouté. On a suivi un jeune homme qui nous a proposé de nous guider. Et nous avons bien fait ! Ce dernier né ici, avait fait ses études supérieures en grande ville pour revenir là afin de pouvoir accueillir des groupes. Il nous a donné plein d’informations historiques, mais aussi toute la généalogie des singes qui se promènent librement.Il n’y a qu’un moment où je me suis méfiée puisqu’il nous emmenait dans un coin pas super rassurant, mais je lui ai proposé qu’on redescende, ce que l’on a fait, afin que je lui donne son pourboire et tout s’est très bien passé ! Comme partout il faut rester méfiant, mais à être trop méfiant parfois, on passe à côté de certaines rencontres. Il faut juste doser et suivre aussi son instinct. Si ça se trouve, il ne se serait rien passé si on l’avait suivi ! Enfin bref, il était vraiment sympa.

Comme vous pouvez le constater, il commence à pas mal pleuvoir à certains moments, ce qui occasionne des débordements, des énormes flaques et nous le verrons, des petites inondations. On a échappé de peu à de grosses inondations juste après notre venue dans la région de Jaipur. Le mieux pendant la mousson c’est d’avoir son parapluie, et d’être prêt à avoir des vêtements qui ne sèchent pas. De plus, il fait très chaud, et les indiens mettent la clim à 15 degrés de partout. Il faut juste esquiver de prendre froid et avoir des vêtements qui sèchent rapidement. Niveau chaussure, j’ai alterné entre des chaussures ouvertes et des baskets, mais clairement il ne faut juste pas craindre de marcher sur un sol pas très clean. J’ai perdu la moitié de mon ongle de pouce de pied au bout du 3e jour, heureusement pas de plaie, j’ai donc continué à me promener en sandales. Mais clairement, j’avais mal fait ma valise, j’ai eu trop chaud tout le temps.

On est clairement dans une zone rocheuse et montagneuse, le temple de Galtaji est construit au sein d’un environnement très particulier. Les singes sont en liberté, il convient de ne pas les importuner, surtout à la saison où nous sommes où les femelles portent leurs bébés sur leur dos. Comme vous pouvez le voir, les bassins permettent aux visiteurs de se baigner dans le cadre de leur pèlerinages. Les hommes en bas, les femmes en haut. Les jeunes hommes se baignaient et jouaient entre eux, j’ai même eu le droit à une traversée de bassin pendant que je filmais la vue histoire de m’impressionner. J’ai hésité à prendre des photos, mais le guide m’a dit que je pouvais lorsque les hommes se baignent, mais pas les femmes. Dans tous les cas, nous ne nous sommes pas attardés au bassin de ces dernières.

Les singes sont malins, ils ont compris que les pèlerins mettaient leurs vêtement au bord du bassin. Alors, ils le volent et les accrochent sur des balustrades en hauteur, afin que celles et ceux qui souhaitent récupérer leur slip donnent des friandises. Autant vous dire que beaucoup de sous-vêtements sont encore accrochés !

J’aurai du mal à vous donner une datation de Galtaji. Je vois beaucoup de dates différentes, mais ce qui est certain, c’est qu’il s’agit d’un lieu de pèlerinage important dans la région. Vous aurez remarqué la tour ornée et peinte à l’entrée du site qui est en général une architecture que l’on retrouve plutôt au sud de l’Inde.

Allez, direction Jaipur maintenant après cette visite dépaysante. Je vous recommande chaudement Galtaji, mais toujours dans le respect des pèlerins et de la nature environnante !

C’est d’ailleurs à Galtaji que j’ai eu le surnom du séjour “White Indian” parce que j’avais décidé de m’acheter une tenue pour être plus confortable. J’avais peur de faire un pas de travers en le faisant, mais comme je voyais des occidentaux le faire, je me suis dit que ça pourrait aller ? Et finalement, a a été très bien pris par les indiens, j’ai eu beaucoup de compliments et le guide de Galtaji m’a dit que si au bout de 3 jours en Inde j’étais habillée comme ça, il pensait que je viendrai vivre ici. On verra si la prophétie, faite par une autre personne à Varanasi également, sera vraie !

Galtaji
Mes vêtements synthétiques n'étaient pas adaptés, j'étais bien plus à l'aise comme ça !

Séjour à Jaipur

Jaipur, la ville rose est la capitale du Rajasthan. C’est une ville très connue pour ses Maharadjas et son rapport à l’astronomie. Il y a des observatoires en extérieur à visiter. Malheureusement, le temps n’était pas favorable à la visite de ces derniers. J’ai pu voir des maquettes au musée des sciences d’Istanbul en y repensant.

Si Delhi vous semble fourmillante, j’ai trouvé que Jaipur l’était encore plus. Clairement, quand on arrive on ne comprend rien à ce qu’il se passe. La circulation est très importante, l’architecture est impressionnante, et là on perd vraiment tous nos codes…pour en apprendre de nouveaux. En voyageant en Inde, on ressent la présence britannique du passé en de nombreux endroits. Si Jaipur a été peinte en rose, c’est au cours du XVIIIe siècle afin d’accueillir le Prince de Galles. Il ne faut pas vous attendre à un rose pétant, mais à une couleur très particulière entre la couleur brique et la couleur rose. La ville est principalement connue pour son Palais des vents, dont l’intérêt principal est sa façade extérieure. Mais il y a d’autres visites telles que le fort d’Amber qui méritent vraiment le détour. Allez, je vous y emmène.

Visite de Jaipur

Jaipur est une ville intense, c’est aussi celle où j’ai trouvé qu’il y avait le plus de bruit ! Je n’y suis pas sensible, mais quelqu’un qui n’a pas l’habitude peut vite se sentir déboussolé. Par certains aspects, cela m’a rappelé Le Caire ! Ici, des singes se promènent sur les toits, trient leur futur repas sur des poubelles, alors que dans les échoppes se trouvent une multitude de saris, bijoux et objets précieux. La région est réputée pour sa joaillerie ! On voit d’ailleurs beaucoup d’occidentaux faire du business de pierres précieuses par ici.

C’est aussi à Jaipur que nous avons eu pour guide Vikram, qui est le directeur de l’agence Voyage in India avec qui on est partis ! Il est francophone, francophile et il nous a accompagné dans nos visites pour nous donner ses commentaires. A chaque ville nous avons eu un guide francophone différent. Encore une fois, c’était important pour moi d’avoir plein d’information, de rencontrer des collègues du monde du tourisme, et de participer à l’économie locale. L’Inde ne se remet toujours pas du Covid-19, les travailleurs du tourisme ont énormément souffert. D’où l’importance de les faire travailler quand on le peut, car le tourisme est une part importante des gains du pays, et il fait travailler beaucoup de gens.

Le fort d'Amber

Visite du fort d'Amber

Le fort d’Amber est une visite incontournable à Jaipur, c’est probablement là que nous avons vu le plus de touristes. Beaucoup d’espagnols, d’italiens et des indiens, dont des scolaires. Le temps n’était pas avec nous, mais cette brume sur la végétation donnait une ambiance particulière aux lieux.

Pour monter au fort, on vous proposera très probablement d’utiliser un éléphant. Ou plutôt une éléphante. Personnellement, je n’aime pas faire d’activités avec des animaux, ainsi nous sommes montés à pieds avec d’autres indiens, et cela était finalement très rapide ! Je n’avais jamais vu d’éléphant d’aussi près, c’était impressionnant de les voir passer dans ces portes conçues pour eux depuis plusieurs siècles. C’est ici que logeaient les Maharadjas Rajput ! Et les installations le montrent bien, le fort a été modifié et transformés du XIe au XVIe siècle. On y trouve des temples, des enceintes, des salles d’audience, mais aussi des prouesses architecturales à l’image des ornements en miroir ayant une utilité pour la gestion de la chaleur ou de la fraicheur. Il y a aussi tout un système de bains, en bref, tout était étudié pour le confort des puissants !

Le city Palace, palais de Chandra Mahal et Mubarak Mahal

Comme vous le constatez sur les photos, c’est un séjour pluvieux à Jaipur ! On part en direction du City Palace qui abrite de petits musées, mais également de très belles portes ornées qui en font la réputation. A cet endroit, il y a également un marché couvert avec de nombreuses choses à acheter. Je me suis laissée tenter par beaucoup de paires de boucles d’oreilles qui étaient à un prix tout à fait raisonnable.

Le City Palace se situe entre le XVIIIe et le XIXe siècle, ce qui en fait un bâtiment assez récent construit pour les Maharadjas. La visite n’était pas exceptionnelle, mais c’est à faire pour en apprendre davantage sur ces familles particulières. C’est là que j’ai appris l’histoire de Gayatri Devi, et que j’ai continué à lire à son propos à mon retour. Impossible de ne pas voir le visage de la “dernière princesse” lorsque l’on s’aventure dans les sites touristiques royaux du Rajasthan ! On ne peut malheureusement pas prendre de photos dans les espaces muséaux. C’est d’ailleurs le service archéologique qui s’occupe de superviser les travaux !

Visite du City Palace à Jaipur

Une nuit en Haveli

Notre petit luxe du séjour a été de dormir deux nuits dans un Haveli, plus précisément au Alsisar Haveli. Ce sont des demeures ou des petits palais que l’on trouve en Inde du nord. Le nôtre était superbe, c’est vraiment un moment de paix qui permet de couper avec le bruit de la rue. Malheureusement, je pensais que l’on aurait pu éventuellement convier notre chauffeur à boire quelque chose avec nous, mais ces derniers n’ont pas le droit de rentrer… c’est un coup dur un peu, même si je sais que les choses sont très cloisonnées, parfois on l’oublie aussi. C’était l’occasion de bien manger et puis de rencontrer Stella, la star des lieux, la petite bouledogue du propriétaire. Mon bouledogue étant décédé il y a un an et demi, je suis sûre qu’elle a senti que j’avais besoin d’une bonne toutou thérapie !

Haveli Alsisar

A la suite de cette journée, nous avons eu le plaisir d’être conviés chez Nitin et sa famille pour partager un repas que nous avons cuisiné ensemble ! C’était une super soirée, nous avons bien discuté et c’était un honneur de partager le repas. On a parlé de plein de sujets, et on a goûté des produits qu’on n’a pas chez nous.

Clap de fin pour Jaipur. Cette dernière nuit a été agitée puisqu’en pleine nuit, des musiques techno retentissent dans la rue dès 4 heures du matin. Intriguée, il faudra que nous reprenions la route après un délicieux lassi à la mangue pour comprendre qu’il s’agit en réalité de temples ambulants!  Les croyants suivent à pieds ou en courant des camions où sont disposés d’énormes enceintes pour passer de la musique techno. Nous avons été invités à les rejoindre, mais nous n’avons malheureusement pas le temps ! Certains pèlerins transportent des petits pots d’eau du Gange au bout de cannes sur le chemin. Il y a même des records de portage d’eau bénite.

Stop à Chod Baori

Visite de chod baori

Cette journée de route pour Agra est l’occasion de s’arrêter au puits à degrés de Choad Baori. C’est un site très connu, il y avait pas mal de groupes de touristes espagnols, mais le site est assez grand pour que ça ne se ressente pas trop. Les épisodes de pluie se font ressentir sur les paysages, on y traverse de l’eau en voiture, et les pluies sont assez violentes pour que les indiens se protègent le temps que cela passe. On devait s’arrêter sur un autre site sur la route, mais on était tellement épuisés qu’on est allés directement à Agra.

Chod Baori a un magnifique temple avec des sculptures incroyables qui feraient pâlir de nombreux musées occidentaux. Fort heureusement, ces dernières sont sur place, il y a une activité religieuse qui donne au temple une dimension supplémentaire. La route pour Agra est relativement normale, et la ville est surprenante avec son métro aérien !

Agra ce n’est pas le coup de coeur du séjour, c’est même la ville que j’ai la moins aimée. L’objectif de cet arrêt est d’aller voir le Taj Mahal tôt le matin suivant pour éviter les hordes de touristes. Si le Taj Mahal est un symbole important de l’Inde, c’était incroyable, sans pour autant que ce soit pour moi un coup de coeur. Mais ça reste incontournable.

Chod baori

Agra et le Taj Mahal

Visite du taj Mahal

C’est l’endroit le plus emblématique lorsque l’on pense à l’Inde, et pourtant comme je le disais, ce stop était davantage une formalité qu’une réelle envie. Le Taj Mahal mérite une visite, pour autant, j’ai trouvé que la ville d’Agra n’était pas particulière, a contrario de Delhi par exemple. Mais c’est un arrêt presque obligatoire lors d’un premier séjour en Inde pour aller voir le mausolée le plus connu du monde. On le repère depuis le toit de l’hôtel, et le meilleur moyen d’éviter la foule est de visite la zone très tôt le matin.

Ce mausolée moghol date du XVIIe siècle, et la majorité de son ornementation se trouve à l’extérieur. L’intérieur, comme beaucoup de mausolées moghols, n’ont pas de décorations particulières. C’est le mausolée de l’amour de l’empereur Shah Jahan pour son épouse décédée trop tôt Mumtaz Mahal. Je vous en parlais dans cette vidéo sur Youtube.

Au Taj Majal, vous pouvez vous rendre à pieds ou en club car (voiture de golf) jusqu’à l’entrée du site. Pensant tôt le matin qu’une petite marche dans le parc serait la bienvenue, il s’est avéré que c’était surtout une erreur. Ici, les groupes de singes sont plus agressifs, et nous nous sommes fait encercler assez rapidement. L’un d’entre eux a même ouvert une bouteille en plastique pour la boire devant nous, un peu en signe de défis. Autant vous dire que face à tant de détermination, on a essayé de rapidement tracer notre chemin. Le retour se fera quant à lui en club car. Gare aux singes si vous faites comme nous !

J’étais curieuse de voir des rapaces tourner autour du dôme du Taj Mahal. Le guide m’a indiqué que des ghats de crémation se trouvaient pas loin le long de la Yamuna (le cour d’eau local). Je n’ai pas pu les voir, mais à mon prochain séjour je verrai si cela est possible. Heureusement pour moi, et comme prévu, c’est à Varanasi que je vais pouvoir travailler davantage sur le sujet !  

A la fin de cette journée, retour à Delhi où nous laissons nos très grosses valises pour partir léger en direction de Varanasi en avion. De là, nous avons eu deux vols, un Delhi-Lucknow et un Lucknow-Delhi que nous avons failli louper. Nous avons dit au revoir à Jaiveer notre chauffeur, ce qui est toujours un moment triste !

Direction Varanasi, la ville sacrée.

Le départ de Delhi pour rejoindre Varanasi a été l’occasion de tester le terminal domestique de l’aéroport. Le mois précédent, une partie de ce dernier s’est écroulée avec la forte pluie de la mousson. Mais très clairement, on n’a rien ressenti. Il est possible de manger dans des équivalents de fast food indiens avec des plateaux. C’est blindé de monde, mais la nourriture est variée et il y a du choix. J’ai par la même occasion bu trois lassi mangue avant de prendre notre premier avion…

Nous avons voyagé avec la compagnie Indigo Airline, rien à dire, les équipages majoritairement féminins et le souhait de la compagnie de valoriser leur présence au sein des postes techniques fait du bien ! C’est toute l’ambivalence de l’Inde, j’ai vu et lu beaucoup de choses pour que la place des femmes soit valorisée au sein de la société et dans l’accès aux études…et pour autant, au moment où j’y étais, il y a eu une affaire de féminicide affreuse de femme médecin. Ce dernier a occasionné de nombreuses manifestation d’étudiants dans le pays, ainsi que de fortes tensions politiques.

Niveau santé, à quelques jour de la fin du voyage : ça va. Mais clairement, la mousson c’est un sacré délire pour la rétention d’eau, j’ai rarement vu ça, même au fin fond de l’Indonésie.

 

Pour découvrir mon séjour dans la ville sainte de Varanasi, Kashi ou encore Bénarès, je vous donne rendez-vous dans le second article dédié à l’Inde qui sera mis en ligne d’ici quelques semaines !

A bientôt,

Juliette

Voyage à Varanasi / Voyage à Bénares
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