Visite au musée Art et Histoire de Bruxelles

L’été 2021 a été l’occasion pour moi de découvrir Bruxelles et en particulier ses musées, des plus grands aux plus discrets de la capitale belge. Parmi ceux que j’avais vraiment hâte de découvrir, le musée Art et Histoire de Bruxelles (anciennement Musée du Cinquantenaire) en faisait partie. Le temps alloué à cette visite était compté à cause d’un programme chargé, certaines salles n’ont pas été visitées durant mon séjour se basant principalement sur les salles extra-européennes et les salles d’archéologie.

Suivez-moi, je vous emmène découvrir de très beaux objets !

Votre dévouée serviteuse en face d’un mât totémique de Colombie britannique. Celui-ci a été sculpté en 1999 au Musée Art & Histoire, lors de l’exposition Indian Summer, par Calvin Hunt et Mervyn Child, qui réalisèrent également quatre masques. Il représente le Géant cannibale, esprit important de la société secrète Hamatsa.

Une grande variété de collections.

Le musée est remarquable par la taille de son bâtiment bien-sûr et la variété des collections exposées. La déambulation se fait de façon fluide tout au long de la visite et la mienne a débuté par la partie dédiée à la Mésoamérique et l’Amérique Pré-colombienne.

La collection précolombienne de ce musée est extrêmement riche avec diverses provenances dont des objets offerts comme cadeaux par certains pays à destination de la Belgique. Les salles sont baignées dans des zones de pénombres agrémentées de spots lumineux qui sont tout à fait pratiques pour éviter des reflets disgracieux dans les vitrines. Un bonheur pour celles et ceux qui veulent immortaliser des objets ! Je tenterai d’expliciter d’après catalogue les objets présentés.

La statue ci-dessus est un chef d’oeuvre d’art mésoaméricain en provenance du site archéologique de El Zapotal au Mexique dans la région de Veracruz. Ce site a été découvert en 1971 et a révélé de nombreuses tombes et éléments liés aux morts avec, fait encore plus intéressant, une statue de Mictlantecuhtli. Ce dernier est le seigneur du Mictlan ce qui lui confère le rôle de Dieu des morts (je vous en parle dans Funèbre !).

Dessin de la statue de Mictlantecuhtli
Wyllie, Cherra. “THE MURAL PAINTINGS OF EL ZAPOTAL, VERACRUZ, MEXICO.” Ancient Mesoamerica 21, no. 2 (2010): 209–27. http://www.jstor.org/stable/26309194.

La statue d’une taille très imposante exposée à Bruxelles date entre 600 et 900 de notre ère. La figure représentée et le genre de cette dernière sont toujours débattus par les chercheurs. Représentation de la déesse Xochiquetzal déesse des fleurs et de l’amour ou bien une Tzitzimime. La figure de la Tzitzimime est également reliée au monde des morts. Les femmes mortes en couche se retrouvent dans le même inframonde que les hommes morts au combat. Ici, la possibilité d’être face à la Tzitzimime d’une femme morte en couche n’est pas exclue.

Un exemple de modification dentaire volontaire ante-mortem Mixtèque, je vous parle de la pratique dans cet article.

De nombreux objets funéraires

Les salles présentent de nombreux objets de diverses natures dont des éléments funéraires tout à fait intéressants pour ce qui est des collections d’Amérique du Sud comme ci-dessous avec des objets de la culture Chancay. On peut y voir un diadème de momie et un ensemble de deux statuettes appelées Cuchimilco. J’ai adoré toute cette partie du musée et j’ai fait le tour de ces salles deux fois.

Ces statues sont associées au monde des morts puisqu’elles sont trouvées en contexte funéraires près de Lima et remontent à des périodes entre 1200 et 1470 au Pérou. Pour autant, il n’y a pas de consensus pour déterminer leur fonction si ce n’est des hypothèses quant à un rôle de protection éventuelle du mort ou bien de garde de tombeau.

Tintin au musée Art et histoire de Bruxelles

Forcément, pour ceux qui sont un peu, voire très amateurs du travail de Hergé et plus particulièrement de son traitement des objets de musée dans son travail, le musée est un endroit à ne pas louper. Bien qu’un musée Hergé existe en Belgique, au musée Art et Histoire vous trouverez plusieurs objets que l’on peut retrouver facilement dans quelques albums du dessinateur. Hergé habitait en effet non loin du musée de son vivant !

Mais ce n’est pas tout, la salle d’Amérique du Sud est réputée pour la présence d’une momie exposée dans sa vitrine d’origine : celle qui a inspiré Rascar Capac dans l’œuvre d’Hergé. Nombreux sont les enfants devenus adultes qui gardent un certain frisson de cette rencontre de lecture. Pourtant, la momie du musée est tout à fait inoffensive. D’ailleurs, elle a fait l’objet d’un documentaire primé que je vous recommande chaudement où ses anges gardiens du musée tentent de comprendre son histoire et sa provenance exacte.

On croisera alors la fameuse momie dans sa vitrine en verre et bois saluée alors avec grand respect comme à l’accoutumée avec les restes humains pour ma part. Puis dans une autre vitrine, le fétiche “Arumbaya” qui est en réalité une statuette issue de la culture Chimu. Ce type de production se retrouve en édifice cérémoniel de cette culture au Pérou du XIIIe au XVe siècle de notre ère. Culture qui sera ensuite dominée par les incas.

Artéfact en collection des arts d’Asie, Shiva est, avec Brahma et Vishnu, un des dieux majeurs de l’hindouisme. Il est représenté ici comme Shiva nataraja, le dieu de la danse. 1130 – 1300 de notre ère, provenance : Inde.

On pensera alors au musée imaginaire de Tintin qui se retrouve tant en dessin qu’en produits dérivés comme ci-dessous les figurines officielles pour la modique somme de 995 € pour les collectionneurs les plus fortunés d’entre vous. Vous pouvez les admirer gratuitement à la boutique Tintin du centre-ville.

Mais si comme moi vous n’avez absolument pas ce budget, vous pouvez retrouver cette thématique et de chouettes interviews muséologiques dans le Hors-série de Géo “Tintin c’est l’aventure” publié en Octobre 2021.

Têtes réduites authentiques et fausses

La salle réservée à divers objets (dont ceux en plumes que je vous laisse le soin de découvrir en vrai tant les photos ne leur rendraient pas justice) permet de découvrir plusieurs aspects de diverses cultures dont celles qui se trouvent au niveau de l’Équateur. Fait plutôt rare, alors que dans de nombreux musées l’exposition de tsantsas shuars est de plus en plus réduite, le musée Art et Histoire propose d’en observer mais fait le choix intelligent d’opposer les tsantsas véritables et les copies fabriquées à l’âge d’or du commerce de ces têtes. Rappelons-le, les tsantsas perdent leur essence sacrée pour les shuars après utilisation de ces dernières dans le cadre de festivités liées à ces prises de trophées (Descola & Anne-Christine Taylor).

Je vous parlais des méthodes pour créer des tsantsas dans cette ancienne vidéo qui remonte au tout début de ma chaîne Youtube.

En ne concentrant pas le discours de présentation du peuple shuar à sa seule pratique de la chasse aux têtes, le musée permet alors de mieux cerner les différences entre les modèles véritables et les imitations. A titre de comparaison, lors de ma visite du MEG à Genève, un discours sur le choix de ne plus exposer leurs tsantsas était visible. Je trouve que la question est intéressante de voir les différents avis muséographiques autour de ces têtes qui ne sont pas nécessairement humaines si on prend en compte les fausses faites de peau de chèvre, de tête de paresseux ou encore de singe.

L’étage des arts asiatiques

La suite de la visite du musée Art et Histoire de Bruxelles peut se faire au même étage en découvrant la collection d’Amérique du Nord, ou bien il est possible de monter et de découvrir les salles des arts asiatiques qui est là aussi très riche en objets. J’ai beaucoup aimé cette section du musée.

Un très bel exemple d’un Thöd rnga, tambour double ici composé de deux calottes crâniennes d’enfants. Tenu à la main droite uniquement pendant les rituels.

Wayang Kulit indonésien

J’ai particulièrement apprécié de découvrir une mise en scène de Wayang Kulit indonésien avec, devant le panneau, un ensemble pour le Gamelan. Durant ce spectacle visuel et musical présenté grâce aux marionnettes plates faites de cuir ajouré, des scènes du Mahâbhârata sont jouées. Le Mahâbhârata est un texte sacré, une véritable épopée. Le fait de voir cette installation permet de prendre toute la mesure d’une représentation de ce type !

D’ailleurs, il y a un ensemble de Gamelan que j’écoute souvent qui n’est pas lié à un Wayang Kulit mais à des funérailles à Bali, je ne résiste pas à vous le partager ici pour les plus curieux d’entre vous ! The Gamelan of the Walking Warrior.

Pour les oreilles curieuses n’hésitez pas à écouter !

Vous pourrez constater que les couleurs de ces marionnettes de Java sont très chatoyantes avec des personnages qui correspondent à ceux de l’épopée. On voit qu’elles sont articulées et que l’on peut les activer grâce à des sticks de bois fixés aux mains.

Une fois les multiples salles arpentées avec de nombreux objets à découvrir (dont je vous laisse la surprise pour votre visite.) direction la salle dédiée à l’archéologie.

Parcourir les salles d’archéologie.

Les salles dédiées à l’archéologie possèdent une muséographie moins moderne que celles des salles visitées en amont, néanmoins, la qualité des pièces présentées fait oublier ce détail assez rapidement.

Les salles s’articulent autour d’une immense mosaïque qui est appelée la grande mosaïque de chasse. Durant les années 1930, des fouilles belges ont eu lieu en Syrie à Apamée. Un accord bilatéral a permis d’emporter des découvertes en Belgique dont cette œuvre qui ornait le sol du probable palais du gouverneur en 300 avant notre ère. L’invitation au voyage est vraiment vive puisque la salle est dotée d’une reconstitution d’un morceau de la fameuse colonnade de la cité antique. Divers objets, statues et sarcophages ornés sont visibles dans cette salle.

La salle consacrée à l’Égypte est elle aussi intéressante et en particulier certains objets. Concernant les restes humains, quelques momies sont visibles grâce à une muséographie étudiée pour minimiser le contact visuel (sauf pour la momie au masque).

Ostracon représentant Ramses III abattant les ennemis (tenus par les cheveux). Probable découverte à Luxor, datation 1185 – 1153 avant notre ère.

Élément intéressant, fin Décembre 2021 je visitais l’exposition Traits d’Égypte sur l’égyptologue copiste française Marcelle Baud dont on peut retrouver des œuvres au musée Art et Histoire puisqu’elle a travaillé en étroite collaboration avec les égyptologues belges. Son travail concerne la reproduction de la tombe de Nakht.

Retour à la collection avec ci-dessous un petit pêle-mêle grec et romain antique. La partie grecque offre aux regards de nombreuses céramiques de divers type avec des Lécythes funéraires tout à fait intéressants. La partie romaine se distingue par diverses pièces ayant conservé leur polychromie d’origine.

Il reste de très nombreuses salles et de très nombreux objets à découvrir dans tout le reste du musée. En s’enfonçant dans le sol du musée, on trouve une salle baignée de lumières chaudes dédiée à la Mésopotamie…entre autres ! La salle possède en effet des moulages car le musée art et histoire de Bruxelles possède son propre atelier de moulage !

Moulage de statue d’Assurnazirpal II, roi d’Assyrie
Moulage de bas-relief du palais de Sargon II: génie ailé à tête d’aigle

Conclusion de cette visite au musée Art et Histoire de Bruxelles

Inutile de préciser que j’ai passé un moment enchanteur dans ce lieu où la plupart du temps il n’y avait pas d’autres visiteurs. Peut-être l’effet des vacances et des restrictions sanitaires, ce qui ne m’a pas déplu pour découvrir les collections au calme.

Un énorme Moaï factice !

J’ai pu terminer la visite en découvrant l’immense boutique du musée qui propose de très nombreux objets et surtout des ouvrages de diverses sortes pour continuer à s’émerveiller après la visite. J’ai apprécié de trouver des ouvrages à tarif réduit en particulier pour tout ce qui est technique ou qui concerne d’anciennes expositions.

Voici mon butin ci-dessous.

Devenir ami du musée Art et Histoire de Bruxelles

Il est également possible de devenir ami du musée ! J’aurai adoré devenir amie du musée, vraiment, mais j’habite en France et je n’aurai pas l’occasion de profiter des avantages qu’offrent la cotisation. Mais il n’est pas exclu que je participe ne serait-ce que pour les actions de restauration qui sont menées.

Le programme est à découvrir par ici.

Ainsi, je recommande vraiment cette visite et surtout je recommande de prévoir du temps pour pouvoir faire toutes les salles si vous êtes de passage comme moi dans la capitale. C’est une collection vraiment exceptionnelle, didactique avec également des reproductions et moulages comme vous avez pu le voir dans l’article. Un grand bravo à toute l’équipe du musée pour ce travail.

J’espère que cette visite vous a plu, n’hésitez pas à partager l’article si le cœur vous en dit. Je vous dis à bientôt pour un prochain contenu écrit !

Pour des références en lien avec les questions muséales et de restitutions / éthique consultez ma bibliographie conseil !

Juliette

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