Tuer les “vieux” : regards sur le géronticide

Un titre volontairement choquant pour aborder une question qui n’est pas toujours facile à traiter, celle du géronticide. Pourquoi certaines sociétés en sont venues à éliminer leurs anciens ? Est-ce que la maltraitance des personnes âgées existait déjà il y a plusieurs millénaires ? Autant de questions qui seront développées dans cet article sur le sujet. J’aborderai d’abord la définition de la personne âgée, puis les questions de maltraitance et enfin la question de la mise à mort des anciens dans le cadre du géronticide accepté.

C'est quoi être "vieux" ?

La question est plus complexe qu’elle n’en n’a l’air. Techniquement, on est tous le vieux de quelqu’un selon son âge. Mais définir réellement quelqu’un d’âgée se fait par deux prismes. D’une part, il y a le vieillissement du corps et ses résultats physiques visibles. Pour autant, il est tout à fait possible d’être touché par des signes physiques attribués au monde des personnes âgées en étant jeune : cheveux blancs, fleurs de cimetières sur la peau, perte des dents et j’en passe, sans que la société considère les porteurs comme des personnes âgées. Il est aussi possible d’avoir l’air vieux à cause de maladies comme le syndrome Hutchinson-Gilford plus connu sous le nom de progéria, ou encore la pathologie rare de Cutis laxa, qui fait perdre l’élasticité de la peau aux personnes touchées.

Au regard de ces éléments, être vieux, outre des signes physiques qui se voient et qui vont permettre de jauger l’âge d’une personne,  c’est aussi défini par la société. Au XIXe siècle, un “vieillard” était une personne de 60 ans. Or, de nos jours, une personne de 60 ans n’est même pas classée dans la catégorie des séniors. Un vieillard de nos jours est davantage un centenaire. Ce qui signifie que cette donnée sociale de considération de l’âge peut varier selon les époques, les styles de vie et les considérations. D’où le fait qu’on ne possède pas forcément tous la même vision du “vieux” car ce dernier, si il peut être stéréotypé par ses marqueurs physiques, n’a pas nécessairement la même classe d’âge selon les endroits.  C’est ainsi que la définition de la vieillesse peut toucher d’autres facteurs. Par exemple, les femmes ayant des grossesses à plus de 35 ans ont été pendant très longtemps considérées comme des grossesses gériatriques…alors que l’âge du premier enfant en France avance petit à petit chaque année. D’où l’importance de réfléchir à sa propre notion de ce qui est du troisième âge, et dans quel contexte on attribue l’adjectif. De plus, l’entrée dans une classe d’âge peut, dans certaines cultures, être apparentée à des célébrations particulières. Ainsi, devenir un Ancien peut être lié à un statut actif au sein du groupe : il peut veiller à harmoniser les relations entre les différentes classes d’âge, comme chez les Massaï par exemple, et bien d’autres groupes humains encore.

Dans cet article, on se penchera davantage sur le devenir dans le cadre des géronticides de personnes âgées qui en ont aussi les marqueurs physiques, associés à des états de dépendance dans leur groupe social.

La maltraitance n'est pas géronticide

 

La violence sur les personnes âgées est pointée du doigt comme une maltraitance intolérable et relativement nouvelle dans nos sociétés. Il est important de prendre en considération plusieurs aspects pour parler de la maltraitance des personnes âgées. A l’heure actuelle, c’est un problème mondial dénoncé par l’Organisation Mondiale de la Santé. En effet, plus la population est vieillissante, plus le nombre de personnes âgées et dépendantes grandit, et plus le risque de maltraitance augmente également.  De plus, les statistiques sont formelles sur l’augmentation des maltraitances tant en institution que dans le cadre familial pendant l’épidémie de Covid-19. Par conséquent, avec une population de plus en plus vieillissante, l’OMS estime que les maltraitances physiques et psychologiques sur les personnes âgées vont augmenter. La dépendance, la déficience et le handicap augmentent fortement les risques de maltraitance. En revanche, bénéficier d’un soutien social tout en permettant à la personne âgée de vivre seule lorsque cela est possible réduit la violence. Il est important de préciser qu’une mort résultant d’une maltraitance ne s’inscrit pas dans une idée de géronticide comme un acte accepté de façon coutumière par une société donnée.

 

Peut-on vraiment parler d’une violence nouvelle ? Non, pas réellement. Pour cela, l’étude interdisciplinaire est majeure car l’histoire, l’anthropologie, l’ethnologie et depuis quelques années l’archéo-anthropologie, viennent apporter de nouvelles données sur la maltraitance des anciens. Et ce n’est pas nouveau au regard de ces disciplines car la personne âgée s’avère bien souvent marginalisée.

 

Pour autant, en archéologie, l’étude des squelettes de personnes âgées n’est pas une priorité de recherche. Les ossements ne sont pas toujours facile à étudier, et ils ne se conservent pas bien en plus de la perte de densité osseuse des personnes âgées. Néanmoins, des découvertes de dépouilles ont pu attirer les scientifiques à étudier certains cas de maltraitances gériatriques manifestes. Difficile à vrai dire de déterminer réellement ce qui constitue sur un squelette une maltraitance, et ce qui constitue une blessure accidentelle. C’est le même problème avec les personnes âgées en vie, la maltraitance est difficile à déterminer car ces personnes sont sujettes aux chutes et aux blessures, et ce bien plus facilement que les personnes plus jeunes. Les maltraitances peuvent alors passer entre les mailles du filet du vivant comme dans la mort en l’absence d’autopsie, pour déterminer des fractures ou encore un hématome sous-dural. De façon générale, l’étude post-mortem des personnes âgées est bien moins développée dans le monde, tant en médico-légal qu’en anthropologie biologique, que l’étude des plus petits à titre d’exemple.

 

Pour en revenir aux études sur squelettes, l’une des difficultés est de distinguer ce qui constitue une lésion liée à un accident, et celle liée à un abus. La perte de la masse osseuse liée à la vieillesse physique rend cela bien plus difficile à distinguer car un geste anodin peut provoquer une blessure comme en cas d’ostéoporose avancée. Toutefois, au regard des cas archéologiques qui ont pu être trouvés, et des cas médico-légaux actuels, la plupart des blessures ante mortem et perimortem pouvant provoquer la mort sur personnes âgées se trouvent sur le haut du corps. Le bas du corps correspond davantage à des blessures liées à des chutes, et par conséquent des fractures. Comme pour beaucoup de violences domestiques, les blessures se situent au niveau du visage et du crâne, le haut du corps et le haut des bras. Ainsi, l’étude des corps doit aussi prendre en compte le contexte de vie de l’individu. Les violences sur personnes âgées étant bien souvent portées dans le cadre familial par les époux/épouses et les enfants. Sans oublier la maltraitance existante dans le cadre du soin à l’heure actuelle.

 

Ce contexte va avoir de l’importance en archéologie aussi. Par exemple, l’étude de squelettes de personnes âgée à l’époque romaine, va montrer que la maltraitance des personnes âgées et leurs enterrements – sans nécessairement de rite ou de soin – vont être bien plus visibles aux périodes esclavagistes. Ces données vont baisser à la fin de ce système. De plus, comme pour les violence sur les veuves, les données archéologiques pour la période romaine montrent que bien souvent, on retrouve des femmes de plus de 70 ans, porteuses de traumatismes multiples par objets parfois contondants ou tranchants, cicatrisés, et parfois perimortem. Le tout accompagné d’un mode d’inhumation sans réel soin. Mais la question est de savoir si la femme a été battue parce que elle était asservie ou bien parce que elle était âgée…ou bien les deux ?

 

Le contexte est par conséquent primordial pour tenter de comprendre pourquoi une certaine catégorie de personnes est touchée et dans quel cadre. Ici, l’esclavagisme, et l’idée de la dépendance de la personne âgée, sont des facteurs importants pour comprendre les raisons de ces statistiques. A l’heure actuelle, il n’y a que peu d’études qui s’intéressent au sujet, difficile par conséquent d’avoir un panel large par périodes pour des corps trouvés en archéologie. Ce qui est certain, c’est qu’une même question revient régulièrement tant à propos de la maltraitance que du géronticide : la non productivité de la personne âgée. Car la personne âgée se retrouve en principe supportée par son cercle social proche. La considération de l’ancien dans le groupe va alors drastiquement jouer sur les potentielles violences. En effet, si il ne produit plus, il peut tout de même selon sa culture être le garant des traditions. Ainsi, certaines traditions se perdent lorsque l’ancien décide que la nouvelle génération ne mérite pas d’avoir accès à certaines connaissances : c’est le cas nous le voyons souvent en anthropologie ou en sociologie lors des exodes où les jeunes partent en ville. Leur changement de vie et de mentalité font que le fossé se creuse avec les anciens qui refusent alors de transmettre. Ainsi, la considération de la personne âgée joue aussi sur la question de sa non productivité. Si dans les sociétés occidentale elle est perçue comme un problème et un poste de dépenses important pour l’Etat et les familles, dans d’autres cas elle est compensée par un statut particulier dans la société. C’est ainsi que la question démographique entre en compte. Dans un village de taille restreinte, il n’y a peut être qu’un ou deux anciens, ce qui réduit le nombre de personnes âgées. Mais dans une société où les gens sont nombreux et vivent de plus en plus vieux, cette question de la productivité devient prépondérante. Idem pour la question de la dépendance. Dans le cadre de l’esclavagisme, la personne asservie l’est jusqu’à sa fin, même si elle vit longtemps. C’est très probablement le cas de ces femmes d’époque romaine. Tout comme les maltraitances, nous l’avons vu, sont plus importantes lorsqu’il y a aussi une dépendance à l’autre de la personne âgée qui a perdu ses facultés.

 

Les morts par violence dans ces cas-là restent aussi difficile à définir : sont-elles intervenues dans un cadre accepté et normé, ou est-ce le fruit d’une mort volontaire ou accidentelle ? De là va s’inscrire le géronticide dans son aspect normé au sein des sociétés où on a pu le pratiquer.

Le géronticide

La question du géronticide, à l’inverse des études sur les corps porteurs de maltraitances, est beaucoup plus étudiée en histoire. Le géronticide est par définition la mise à mort d’une personne âgée sans que cela soit un crime. Cela peut aussi être un acte de suicide.  Les textes antiques abordent cette question de l’élimination des vieillards. C’est le cas lorsque les auteurs parlent de leurs voisins ou de contrées lointaines. Dans Géographie de Strabon, (dont la lecture doit se faire tout de même avec prudence) il est écrit ceci qui se trouve dans le livre XI à propos de la Bactriane et la Sogdiane.

 

On y voit, par exemple, que tous ceux d'entre eux qui, pour vieillesse ou pour maladie, étaient déclarés incurables, étaient jetés vivants en proie à des chiens dressés et entretenus exprès et qu'on appelait dans la langue du pays d'un mot qui équivaut à notre locution de fossoyeurs ou de croque-morts, et que, par suite de cet usage, tandis que les alentours de leur capitale n'offraient aux yeux aucun objet impur, presque tous les quartiers de l'intérieur n'étaient remplis que d'ossements humains. Au reste Onésicrite ajoutait qu'Alexandre avait eu soin d'abolir cette coutume. Les historiens, à la vérité, signalent un usage à peu près semblable chez les Caspii, lorsqu'ils nous montrent ce peuple jetant en prison et y laissant mourir de faim tous les grands parents passé l'âge de soixante-dix ans

Strabon, Géographie XI

Et les textes antiques ne manquent pas de détails, rapportés pour horrifier le lecteur sur les pratiques considérées comme barbares des voisins. Des voisins qui parfois vivent des vies où l’élimination des plus dépendants comme les enfants, ou les vieillards, s’inscrit aussi dans une logique de survie. Un élément important pour comprendre le géronticide dans le cadre anthropologique.

Tout cela repose bien sur les questions de statut social de l’ancien dans son groupe. Quand ce dernier est craint, ou que son statut de vivant, en plus de celui d’ancien se combinent, il devient un individu qui a toujours une place dans son groupe social. Un âgé en bonne position peut très bien terroriser son entourage. En ne produisant plus, certes, il a tout de même une main sur le groupe de par son savoir, ou encore ses possessions. Un pouvoir qui pourra être gardé et entretenu par ses descendants après sa mort si il devient un ancêtre. D’où le respect des tabous et des rites funéraires pour assurer un contentement sans répercussions négatives sur les vivants de la part du mort. La perte, ou l’absence de ce rapport à l’ancestralité dans le monde occidental explique aussi le rapport différent aux personnes âgées et aux morts dans l’entretien de leur souvenir. 

Les exemples les plus souvent cités pour parler du géronticide  portent sur les sociétés Inuits.  Maurice Gaudelier aborde l’abandon des personnes âgées sur la banquise loin des autres avec seulement quelques aliments pour survivre. Il explique que la mort venant, l’individu se projette pour se réincarner en enfant à naître au sein du groupe si une femme est enceinte. La mort n’est pas une mort, l’individu continue à exister de cette façon. Néanmoins, l’ancien représente une bouche de plus à nourrir, en particulier dans des zones du monde où les peuples nomades sont confrontés à des épisodes de disette ou de famine. Des mises à mort que l’on peut retrouver chez les enfants également, élément dont je parle dans mon livre Momies ! 

Le géronticide s’inscrit dans certains cas comme un acte qui vient sauver le groupe puisque la personne âgée met en péril ce dernier. Dans cette logique, il vaut mieux perdre un individu pour en sauver plusieurs. De ce fait, si il est interdit de tuer quelqu’un dans la plupart des sociétés, les géronticides eux s’inscrivent dans une pratique parfois institutionnalisée tant qu’elle n’est pas interdite par un pouvoir étatique. C’est lorsque la pratique se heurte aux nouvelles lois que le géronticide est sensé disparaître.

 

Diverses méthodes

L’un des géronticides les plus lents est d’oublier la personne âgée, et de refuser de s’en occuper ou encore de l’alimenter.  Au regard de différents âges, la barre des 60 ou 70 ans est la plus commune. Parfois, l’âgé ou le malade est laissé sur place lorsque les individus changent de campements. D’autres font le choix de se suicider par divers moyens afin de rester maîtres de leur fin.  Le meurtre quant à lui intervient bien souvent en cas de veuvage dans les sociétés qui le pratiquent car l’épouse esseulée n’a plus personne pour subvenir à ses besoins. Dans Archéologie des Nouvelles-Hybrides, José Garanger rapporte ceci sur la question du suicide ou du meurtre :

 “A Tongoa, la veuve était étranglée si elle n’avait pas le courage de se suicider par pendaison. A. Don (1918, p. 23, 32, 99-100 et 186-206), signale les différents cas où un être humain pouvait être enterré vivant, il s’agissait : de personnes trop âgées (titrées ou non), malades incurables ou infirmes, des femmes des chefs décédés, des femmes d’un chef dont une petite fille était morte, de l’enfant d’une femme morte en couche, d’un sorcier malade, de la femme des sorciers décédés.”

L’anthropologie nous rapporte de nombreuses mises à mort en divers endroits, de l’ensevelissement vivant jusqu’à la mort violente. Les Aché du Paraguay utilisaient deux méthodes pour éliminer les anciens. Les femmes âgées étaient violemment tuées par un homme de la tribu. Les hommes âgés quant à eux devaient partir s’exiler dans la nature. Face à des personnes âgées porteuses de dégénérescence, ils pouvaient choisir le cannibalisme pour qu’aucun mauvais esprit ne revienne. 

Ce qui est certain, c’est que l’on retrouve ces pratiques dans toutes les régions du monde au regard des travaux anthropologiques ou des récits de voyageurs.

Attester le géronticide ancien ? Une tâche complexe

L’un des géronticides qui s’est heurté à la loi est le Thalaikoothal en Inde. Il s’agit d’une pratique qui vise à donner la mort à une personne âgée. Pour cela, un bain d’huile est donné à la personne puis des verres d’eau de coco froide. L’eau de coco provoque une insuffisance rénale ouvrant sur une fièvre qui conduit à la mort de la personne. Bien que la pratique ait été interdite par l’état Indien, elle continue à être pratiquée sous diverses formes. Un élément visible dans les classes très pauvres mais pas seulement. Ici, la mise à mort peut être demandée par l’ancien, ou à l’inverse devenir criminelle lorsque la personne âgée voit ses possessions convoitées par ses descendants. 

D’autres pratiques deviennent plus difficiles à attester tant les sources sont maigres. C’est le cas de l’Ättestupa en Suède. Ce mot désigne autant un acte de sénicide qu’un lieu. Il s’agit pour des personnes âgées de sauter d’une falaise qui porte ce nom également, afin de libérer leur famille d’une ou de plusieurs bouches à nourrir. Si cette pratique est visible dans le film Midsommar de 2019, elle n’a pourtant aucune source archéologique pour l’attester. Son existence se limite à une tradition de saga orale considérée comme étant du folklore. Une pratique rapprochée par Karl Bloomberg à celle du Death Cleaning actuel venu de Suède. C’est le moment où les gens décident de faire le ménage pour soulager leurs proches le jour de la mort venu. Dans tous les cas, la pratique de l’Ättestupa n’est pas pour autant avérée – pour le moment – du point de vue scientifique. 

C’est la même chose pour l’Ubasute japonais, l’acte d’abandonner son parent âgé dans la montagne.

 

Faute de preuves archéologiques ou historiques, l’Ubasute est considéré comme une légende, au même titre que la pratique suédoise. Cela s’explique par la présence de récits dans des histoires contées, prenant alors la forme d’un avertissement pour les lecteurs afin de ne pas abandonner leurs parents. Néanmoins, la question de se pose tout de même quant à ces pratiques. En archéologie, plusieurs cas ont montré que ce qui était considéré pendant longtemps comme du folklore ne l’était pas. Prenons l’exemple des tombes féminines avec des armes, ou encore des momifications volontaires au Japon ou bien des sacrifices en cenotes ou des Tzompantli dans le monde de Mésoamérique précolombienne. Ces trois cas étaient considérés comme des légendes jusqu’à ce que l’on retrouve des corps associés à ces pratiques venant ainsi les confirmer. La question du géronticide dans des cas de légendes pourraient ainsi trouver des réponses le jour où des corps viendraient attester de telles pratiques.

A l’inverse, des objets de mise à mort de personnes âgées existent, mais là aussi il est difficile de savoir ce qui est vrai et ce qui est faux. C’est le cas du mell beniguet en Bretagne. La plupart des textes folkloriques ou de recherches parlent d’un maillet sous forme de boules en pierre (donc certaines sont gardées dans des églises du Morbihan), qui aurait servi à fracasser le crâne des aînés pour abréger leurs souffrances. Mais justement, toutes les sources ne sont pas d’accord pour aborder cette question de maillet. Certains parlent de fracasser le crâne, d’autres parler de tapoter le crâne doucement pour en faire sortir l’âme. Enfin, certains parlent d’une pratique qui remonte…à la préhistoire. Bien entendu, nous n’avons pas de telles informations archéologiques même si il n’est pas exclu que ces pierres spéciales soient anciennes.

Re vou kemiret er mel béniguet el vet ! achiu "Il faut prendre le marteau magique pour le finir."

Ainsi, la question du géronticide est complexe et surtout les axes sont multiples. Nous l’avons vu, la violence sur personne âgée n’est pas quelque chose de nouveau dans nos sociétés, l’archéologie tente de s’y intéresser mais ces questions restent encore peu étudiées.  L’anthropologie s’est intéressée de nombreuses décennies, et encore maintenant, à la question du suicide institutionnalisé. Mais nous le voyons, le monde change. Là où les anciens pouvaient être tués car considérés comme une bouche dépendante de plus, dorénavant ils sont conservés car lorsqu’ils ont une pension de retraite, elle bénéficie à l’ensemble de la famille. La bascule est visible par exemple chez certains peuples autochtones où ce sont les jeunes sans emplois et sans perspectives qui deviennent un poids.

Attester le géronticide dans les pratiques anciennes, doit se combiner avec des études sur corps, ce qui est le cas dans les travaux du Docteur Rebecca Growland. L’anthropologie ayant apporté de nombreuses pistes de réflexion, nous comprenons que l’élimination institutionnalisée des âgés se fait sur la base de leur place dans le groupe social, de leur apport et de leur volonté ou non à mourir.

Sources :

  • https://www.observatoire-des-territoires.gouv.fr/methodes/methode-comment-definir-la-vieillesse-et-mesurer-le-vieillissement-sur-le-temps-long-1851
  • https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/abuse-of-older-people
  • M. Barbesier, E. Baccino,
    Approche médico-légale de l’hématome sous-dural de la personne âgée. Étude préliminaire, La Revue de Médecine Légale,
    Volume 6, Issues 3–4, 2015,
    Pages 98-102,
  • https://lebizarreum.com/les-veuves-precarite-et-danger-de-leur-statut-dans-le-monde/
  • http://Gowland, Rebecca. « Bioarchéologie de la maltraitance des personnes âgées en Bretagne romaine », Alain Froment éd., Archéologie de la santé, anthropologie du soin. La Découverte, 2019, pp. 217-226.
  • Gowland, R. L. (2015) ‘Elder abuse : evaluating the potentials and problems of diagnosis in the archaeological record.’, International journal of osteoarchaeology., 26 (3). pp. 514-523.
  • Nadine Bernard, « Voyage en terres gérontocides : l’élimination des vieillards comme remède à la vieillesse ? »Cahiers des études anciennes, LV | 2018, 235-253.

  • Godelier, Maurice. « De la vieillesse magnifiée à la vieillesse marginalisée et même expulsée du monde des vivants », Maurice Godelier éd., Le grand âge de la vie. Presses Universitaires de France, 2005, pp. 13-47.
  • Diamond, Jared. « Chapitre VI. Le traitement des personnes âgées : les chérir, les abandonner ou les tuer ? », , Le monde jusqu’à hier. sous la direction de Diamond Jared. Gallimard, 2015, pp. 328-372.
  • Chatterjee, Pyali. (2014). Thalaikoothal: The Practice of Euthanasia in the Name of Custom. European Researcher. Vol.(87). pp. 2005-2012. 10.13187/er.2014.87.2005.
  • Karl Bloomberg Facing the Inevitable: Using the modern practice of Döstädning to understand Ättestupa, .2019
  • Laugrand, F. (2018). Lorsque des aînés évoquent la beauté de l’au-delà… ou ce que disent les expériences de mort imminente chez les Inuit du Nunavut. Frontières, 29(2). https://doi.org/10.7202/1044163ar

 

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