Chaque année se déroule un évènement qui fait plaisir aux taphophiles et aux curieux : Le Printemps des cimetières. Se déroulant comme son nom l’indique au Printemps, c’est l’occasion de découvrir cimetières et histoire funéraire en France mais également en Europe selon les années ! Un chouette évènement que je vous invite à découvrir en interview à quelques jours de l’édition de cette année.
Rencontre avec Aude Thevenon chargée de mission à Patrimoine Aurhalpin.
Merci beaucoup pour cette interview du lectorat du Bizarreum. A l’aube de l’édition 2021 du Printemps des cimetières, pouvez-vous nous présenter l’événement ?
L’événement a été créé en 2016 par les membres de la commission Patrimoine funéraire de Patrimoine Aurhalpin. Il se déroulait à l’origine sur le territoire de la région Auvergne-Rhône-Alpes puis s’est étendu au fil des ans au territoire national et même européen, pour certaines éditions. L’objectif de l’événement est de faire découvrir au grand public la richesse du patrimoine funéraire, le temps d’un week-end, grâce aux animations proposées par nos organisateurs.
Comment est née l’envie de proposer cet événement lié au patrimoine funéraire ?
Notre fédération œuvre pour le patrimoine funéraire depuis 2006 avec la création d’une commission dédiée composée d’acteurs locaux (associations, professionnels du patrimoine, collectivités, chercheurs, …) ayant un intérêt ou une expérience dans ce domaine. Ce groupe de réflexion se réunit annuellement pour mener des projets communs, répondre à des problématiques précises, suivre l’actualité, …
Parmi les actions menées, on peut citer le guide Bâtir la dernière demeure – Patrimoine funéraire en Rhône-Alpes, sorti en 2008 ; l’ouvrage Construire le cimetière de demain, publié en 2010 et en cours de réédition ; l’organisation d’un colloque en 2011 « Cimetières et patrimoine funéraire ».
En 2014, un comité de pilotage se crée afin de réfléchir à l’organisation d’un événement permettant la valorisation du patrimoine funéraire, patrimoine peu connu, sur l’ensemble de la région. Ce projet donne naissance au Printemps des cimetières.
Pensez-vous qu’il y a une nécessité urgente à sensibiliser le public et à protéger ce patrimoine sensible aux aléas du temps ?
Il est en effet urgent de sensibiliser aussi bien le public que les élus à la sauvegarde du patrimoine funéraire. D’abord car c’est un patrimoine qui est fortement exposé aux affres du temps, comme vous le soulignez. Les monuments funéraires doivent résister aux aléas climatiques et font aussi parfois les frais de mesures de nettoyage inadaptées, qui les fragilisent un peu plus. Ensuite parce que c’est un patrimoine au régime juridique particulier, si les monuments funéraires sont propriétés de la famille, le terrain concédé pour les ériger appartient à la commune. Ainsi la conservation du patrimoine funéraire est l’affaire de tous. Il est donc important d’avoir une meilleure compréhension de ce que représente le patrimoine funéraire pour pouvoir, si l’occasion se présente, participer à sa sauvegarde. C’est aussi le but de l’événement.
Comment réagit le public par rapport à votre initiative ?
Si le sujet peut interloquer au premier abord, les visiteurs qui sautent le pas et participent à une animation en ressortent toujours étonnés et enthousiastes de ce qu’on peut apprendre en visitant un cimetière ou un site funéraire. En effet, les animations sont principalement centrées sur la découverte de personnalités locales, d’anecdotes sur l’histoire de la commune, sur l’initiation à l’architecture et à la symbolique, même à l’archéologie en fonction des sites, … Ce sont des sujets passionnants, abordés sous l’angle du patrimoine funéraire.
Qu’est-ce que cette tombe art déco nous apprend sur ce style architectural ? Quelle est cette personne dont la tombe est ornée d’une sculpture monumentale représentant la douleur ? Connaissez-vous ce peintre né et enterré sur la commune ?
Ce sont autant de questions qui sont posées aux visiteurs lors du Printemps des cimetières. Nous avons la chance de compter davantage d’organisateurs à chaque édition, c’est aussi la preuve que le sujet intéresse de plus en plus.
Que pouvons-nous trouver comme activités durant ces trois jours ?
Les animations proposées sont très variées, comme les sujets qui y sont abordés. Il peut s’agir d’une visite guidée du cimetière local, regorgeant d’anecdotes sur les personnalités qui y sont inhumées ; de la découverte d’un site archéologique ; d’une exposition sur le savoir-faire des tailleurs de pierre, des sculpteurs ou des fonderies ; d’une déambulation à la recherche de lieux d’inhumations disparus ; d’une randonnée à la découverte de dolmens ; d’une balade à vélo autour des lieux de mémoire de la Seconde guerre mondiale ; d’une observation de la faune et de la flore…
Le patrimoine funéraire ne s’observe pas seulement dans les cimetières, c’est ce qui explique cette diversité d’événements et de sujets.
Comment pouvons-nous participer aux évènements ?
Les animations sont pour la plupart tout public. Pour y participer, il suffit de se renseigner sur les conditions de participation propres à chaque organisateur (inscription préalable, accessibilités particulières, …). Pour cette édition, la majorité des animations sont sur inscription avec un nombre limité de places, en raison de la situation sanitaire. Il est donc conseillé de réserver à l’avance.
La plupart des animations sont gratuites, sinon à tarif réduit.
Quels sont vos projets pour les années à venir ?
Le Printemps des cimetières a encore de belles perspectives de développement, afin d’être plus présent sur l’ensemble du territoire. Pour cela, nous travaillons à faire connaître l’événement et à nouer de nouveaux partenariats.
Concernant le patrimoine funéraire, cette année seront mises en ligne deux visites virtuelles de cimetières, l’un en Haute-Loire et l’autre en Haute-Savoie. C’est un projet que nous souhaitons étoffer au fil des ans pour toucher un public plus large et permettre une découverte du patrimoine funéraire autrement, depuis chez soi.
Pour suivre l’initiative du Printemps des cimetières rendez-vous sur le site https://printempsdescimetieres.org/ et sur leurs réseaux sociaux : Twitter, Instagram et Facebook !