Bonjour à tous et à toutes. Il y a quelques semaines j’ai eu la chance d’être interviewée pour un contenu dans le cadre du dernier hors-série du magazine Le Parisien qui s’appelle “Dans le secret des cimetières parisiens” n°13. Comme l’interview n’a pas été publiée sous la forme des questions mais par le biais de quelques analyses intégrées à un texte, j’ai souhaité mettre ici les questions que j’ai eu et mes réponses puisqu’elles m’ont demandé un travail conséquent. Je sais que certains étaient déçus de ne pas voir une interview complète, la voici.
J’espère que ce contenu vous plaira, il ne se dédouble pas avec l’article publié dans Le Parisien, vous pouvez ainsi prendre tout le loisir de l’acheter car il y a des articles intéressants à l’intérieur ! J’ai été interviewée par Raphaël Turcat
Sous la révolution, l’Église n’a pas bonne presse. A-t-elle droit au chapitre lors des enterrements ?
Le cimetière devient propriété des communes lors de la révolution alors que ce dernier appartient à l’église à l’époque. Durant le 12 frimaire an II, une décision de la Convention ordonne que la sépulture soit possible pour tous et toutes dans les cimetières ce qui a pu provoquer des désordres au sein des habitants de villages ou de villes. Des tensions répertoriées en archives selon les zones. Il est pensé que le service funéraire lors de la révolution a eu des problèmes car ce type de logistique d’habitude assurée par l’église se trouvait aux mains de personnes qui n’y étaient pas forcément formées. La transition était alors difficile et surtout la passation de pouvoir. De plus, avec l’éviction des prêtres et des symboles de l’Eglise, leurs possibilités de mener les funérailles se trouvaient plus que réduites. Durant la Révolution et la Terreur, nous sommes sur un modèle de fosses communes avec des mises en terre faites à la hâte. Tout ce qui représente l’église et ce, même dans le cadre funéraire n’est pas bienvenu à cette période.
Quand les choses se calment-elles et à partir de quand revient-on à des enterrements chrétiens plus “traditionnels?
L’histoire funéraire a toujours été mouvementée, mais si il y a bien une date à retenir c’est celle du 23 prairial an XII (12 Juin 1804) car c’est sur ce décret et ces lois que va se baser toute l’organisation et l’évolution future des cimetières et du milieu funéraire en France. L’article 15 précise : “Dans les communes où l’on professe plusieurs cultes, chaque culte doit avoir un lieu d’inhumation particulier ; et dans le cas où il n’y aurait qu’un seul cimetière, on le partagera par des murs, haies ou fossés en autant de parties qu’il y a de cultes différents, avec une entrée particulière pour chacune, et en proportionnant cet espace au nombre d’habitants de chaque culte.” On intègre grâce à ce texte de loi, la possibilité de répondre en termes funéraires aux personnes de confessions différentes. Le cimetière évolue, il n’appartient alors plus à la paroisse mais par la suite à la commune. Il serait simpliste en une interview de synthétiser un domaine et une chronologie riche et dotée de nombreuses modifications et en particulier à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle. En réalité, la tradition du rite catholique va laisser place à la possibilité au XIXe d’avoir plusieurs confessions et plusieurs possibilités de culte pour les morts au sein d’un même espace puisque le cimetière n’est plus terre de l’église mais terre de la commune. On n’est plus dans une démarche de retour en arrière mais bien de progression pendant ce siècle là au niveau des lois funéraires et de leur mise en application. En légiférant ce domaine, il s’agissait de dessiner ce qui constitue nos lois dans le domaine à l’heure actuelle. Ce qui est en soi relativement récent en termes historiques. On retrouve alors des cultes tant catholiques qu’autres mais aussi des cérémonies laïques (ou civiles).
Où le peuple est-il enterré pendant le XIXe siècle ? Y a-t-il des différences notables avec la haute société ?
Pour prendre l’exemple des grandes villes, il faut savoir qu’au XIXe siècle il est déjà coûteux d’acheter une concession tout en demandant l’édification d’un monument funéraire. Il faut faire appel à plusieurs corps de métier et mettre en place toute une logistique funéraire. Ceux qui n’ont pas les moyens de payer une concession individuelle avec monument comme cela était demandé font partie des indigents. Ils représentent une part très importante des morts dans les grandes villes au XIXe et plusieurs cimetières tant à Paris qu’ailleurs se heurtent au manque de place face à leur grand nombre. Ils ne sont pas traités comme les autres puisqu’ils sont inhumés soit tôt le matin soit tard le soir. Plusieurs voix se sont élevées réclamant l’inhumation de jour pour les indigents. Des fraudes sont aussi dénoncées et en particulier par Napoléon III puisqu’il constate qu’à Paris, la règle de la fosse individuelle n’est pas respectée pour les indigents* qui ont leurs cercueils entassés en fosse commune. Il fait donc durcir la loi pour que la fosse individuelle soit respectée pour eux également. On n’appelle par exemple plus ces espaces “fosses communes” dans nos cimetières actuels mais terrain commun ou carré des indigents pour enlever l’aspect négatif et faux du terme fosse commune. Sans oublier que nous avons aussi le retour des confréries avec la plus connue celle des charitables qui après avoir été interdite sous la Révolution est réapparue au XIXe et face à des pressions de l’église est devenue laïque en 1853. Celle de Béthune est la confrérie la plus célèbre et s’attache à inhumer dans le respect et la dignité les personnes et en particulier celles en grande difficulté. Tant d’actions qui montrent que mourir au XIXe est très différent de si l’on est pauvre ou riche. Néanmoins, la mort des pauvres est un sujet étudié puisque leurs concessions souvent plus discrètes et moins longues en durée que celle des personnes plus aisées demandent un travail de recherche en archives long et conséquent. *Comme il m’a été précisé et qu’il est important à rappeler en dehors de l’aspect purement historique de cette réponse, voici un élément supplémentaire de la part de Monsieur Gallot : le terme « indigent » qui concernerait les personnes n’ayant pas les moyens d’acheter une concession. En réalité le droit commun c’est l’inhumation en « terrain commun » dans un emplacement mis à disposition gratuitement 5 ans, peu importe le patrimoine du défunt. Si les communes le souhaitent, mais c’est facultatif, elles peuvent proposer des concessions funéraires aux familles qui remplissent les conditions. Suite au succès progressif des concessions, l’exception est progressivement devenue la norme ce qui fait que beaucoup de personnes pensent aujourd’hui que le terrain commun est réservé aux indigents, ce qui est inexact.
Est-on enterré de la même manière sous la révolution et à la Belle Époque ?
Non du tout puisqu’à la Révolution, les lois qui définissent ce à quoi doit ressembler un cimetière comme nous les connaissons ne sont pas passées. Avant la Révolution, le cimetière est terre d’Eglise puis il devient propriété de la commune. On interdit aussi les inhumations dans les églises comme cela pouvait être fait dans le passé pour bénéficier des prières d’intercession lors du culte mais également marquer son statut social. Il faut alors imaginer lors de la révolution un jeu de balle juridique avec des lois qui passent, d’autres qui ont des flous juridiques et à ce moment-là une histoire funéraire très complexe. Puis au 23 prairial an XII les nouvelles lois comme citées en réponse précédemment et par la suite la fabrication du cimetière que nous connaissons avec ses us et coutumes. La façon de traiter les morts est différente d’une époque à une autre et surtout, ce sont les lois qui vont modifier en profondeur ces différences.
“Quelles sont les funérailles les plus “étincelantes” au XIXe et au XXe ?“
On ne peut parler bien sûr des funérailles majeures du XIXe et du XXe en France, sans mentionner celles qui se sont déroulées au Panthéon à Paris. Ces dernières ont toujours regroupé beaucoup de personnes pour saluer le défunt ou tout simplement dire “j’y étais”. Quelque chose de notable, le cortège funèbre dans l’histoire a toujours été suivi et observé, par curiosité ou pour un dernier hommage afin d’accompagner le mort. Il y a une réelle expression du deuil collectif, un partage entre tous dans ces foules que l’on retrouve aux funérailles quand cela est possible, de personnes politiques ou tout simplement célèbres. En enterrement notable du XIXe, il est possible de citer celui de Victor Hugo le lundi 1er juin 1885 fastueux et solennel alors qu’en dernières volontés, le défunt a mentionné : “Je donne cinquante mille francs aux pauvres, je désire être porté au cimetière dans leur corbillard, je refuse l’oraison de toutes les Églises, je demande une prière à toutes les âmes, je crois en Dieu.” Une notion du respect des dernières volontés étonnante. Pour le XXe siècle, de nombreux exemples existent en France et de plus, l’apparition de la télévision a permis à encore plus de personnes de suivre les obsèques de personnalités. A ce compte, je mentionnerai les obsèques de Mitterrand, mais outre-Manche, ce sont bien celles de Diana qui ont battu des records en termes d’audience télévisuelle et de présence in situ. Une Reine des cœur accompagnée jusqu’au bout et à travers le monde entier.
“La grosse affaire du XIXe, c’est le transfert du cimetière des Innocents aux catacombes. Comment les Parisiens le vivent-ils ?“
Tout d’abord, dans les environs du cimetière des innocents – qui devait être exceptionnel à voir – ce sont des questions sanitaires qui ont été à l’origine de la destruction du cimetière des innocents. En effet, depuis de nombreux siècles, le cimetière des innocents accueillait les morts de huit paroisses parisiennes mais aussi tous les morts anonymes de la capitale. Un système de fosse était utilisé sauf pour les personnes ayant des espaces d’inhumation privés. Puis lorsque que la place manquait, les corps étaient exhumés et les ossements entreposés en charnier dans les galeries que l’on pouvait retrouver à l’intérieur du mur d’enceinte du cimetière et ce à partir du XIVe siècle. Les ossements étaient rangés au niveau du toît de ces galeries. D’ailleurs, une danse macabre était visible au niveau des arcades du cimetière. Face au risque sanitaire, les divers accidents et plaintes autour de la présence de ce lieu funeste en pleine ville et face aux lois mises en place progressivement, les ossements ont commencé à être déplacés entre 1785 à 1787 pour être déposés aux carrières de la Tombe-Issoire. Le transfert se poursuit de façon régulière entre la fin du XVIIIe et au XIXe siècle avec des ossements petit à petit rangés et mis en place par les employés de carrière. Les cimetières dans la ville de Paris continuent à être vidés eux aussi, les ossements continuent ainsi à arriver et ce même au XIXe siècle. Cela va donner naissance aux catacombes de Paris. Un comblement qui se fera durant le XIXe siècle en parallèle de l’accueil de visiteurs puisque le lieu se visite déjà.
Pour ce qui est de la perception de cette évacuation des parisiens, il est à noter que de nos jours encore, l’exhumation de corps est un geste qui tend à déranger. Le cimetière des Innocents était vidé de nuit dans des véhicules funéraires hippomobiles bâchés. Ce convoi exceptionnel était accompagné d’un cortège religieux qui s’assuraient du bon transfert physique et spirituel d’une zone à une autre. Un transfert de nuit pour cacher par pudeur ou tradition le mort n’est pas une nouveauté, cela existe toujours puisqu’il est toujours demandé à l’heure actuelle aux entreprises de pompes funèbres que le chargement et déchargement des morts et des cercueils ne soit pas visible depuis les rues dans la chambre funéraire. Il est alors logique que le choix d’un transfert de nuit à l’abri des regards indiscrets était la chose la plus évidente et ce même au XVIIIe et au XIXe siècle.
Quel est le sort réservé aux suicidés et aux condamnés à mort ?
Les suicidés et les condamnés à mort sont exclus par l’église. Les condamnés selon les époques pouvaient être recyclés à des fins de dissection et d’étude anatomique avec parfois des dissections publiques accentuant pour les proches et ceux qui restent le déshonneur mis en application jusqu’au bout. Nos musées regorgent d’éléments anatomiques conservés issus de condamnés à mort.
En Allemagne par exemple, un cimetière est connu pour avoir donné une place à ceux qui sont parfois appelés les “sans-noms” Friedhof der Namenlosen. Dans le jargon funéraire ancien, puisque le suicide n’était pas toléré dans la société et pouvait être considéré comme une honte voire un déshonneur pour les vivants qui restaient on ne mentionnait pas les morts par suicide. Ce qui pouvait être problématique lorsque l’on retrouvait un noyé afin de savoir si il s’agissait d’un suicide ou bien d’un homicide – des questions qui restaient en suspend en attendant l’évolution de la médecine légale. L’évocation des suicidés ne pouvant bénéficier d’obsèques chrétiennes est déjà visible dans la lettre aux bulgares de Nicolas Ier, en 866. D’ailleurs, plutôt que d’utiliser le mot suicide en langue française, des tournures de phrases permettaeint de comprendre que des personnes avaient attenté à leur vie étaient employées. De plus, nous avons des épisodes en archives de cas où par exemple des suicidés avaient été placés avec des protestants dans le cadre de certains cimetières, ce qui provoquait des tensions et par conséquent la recherche de solutions durables. Avec le développement de la possibilité de pratiquer divers types d’enterrement à partir des grands décrets autour du funéraire, la mise en place de cérémonies laïques ou civiles était possible. Encore au tout début du XXe siècle en France, les suicidés n’avaient pas le droit à une cérémonie religieuse. Il faut attendre le code de droit canonique de 1983 pour que ces restrictions n’existent plus. L’église s’est donc adoucie pour que les suicidés ayant tout de même la foi puissent accéder à une cérémonie religieuse.
La Belle Époque est la période de tous les fastes et de toutes les mondanités à Paris. En est-il de même avec les enterrements ?
Tout à fait. Le fait d’avoir imposé par la loi des cimetières avec une clôture bien définie et surtout des concessions individuelles, communes ou familiales va radicalement changer le rapport au deuil. Le cimetière n’est plus du tout lieu de vie comme au Moyen Âge, par conséquent, l’attitude change aussi. Les funérailles sont l’occasion et ce, comme dans beaucoup de cultures, de montrer son statut social. De plus, avec la création des grands cimetières parisiens, le rapport à la mort des vivants change puisque la concession individuelle ou familiale apporte de nouvelles façons d’entretenir le souvenir. Le nombre de demandes d’achat de concession augmente tout au long de ce siècle. Des modes vont émerger en lien avec les actualités du monde, ainsi, ceux qui peuvent se le permettre vont faire ériger de grands tombeaux qu’ils soient classiques ou encore orientaux selon la mode. Il sera possible de faire appel à des corps de métiers comme les tailleurs de pierre ou encore les marbriers afin d’extraire les talents les plus connus et reconnus et ainsi asseoir son statut social même une fois mort. On légifère ainsi encore plus tout ce qui touche aux cimetières comme l’organisation ou encore la durée d’achat des concessions. De même, avec l’émergence de la presse et des catalogues de vente, on se rend compte que les tenues de deuil sont très représentées ainsi que les accessoires : la mort devient tendance. En effet, la toilette pour les funérailles mais aussi les toilettes du quotidien pour respecter l’étiquette de deuil (en particulier pour les femmes) ont une place majeure durant ce siècle. Une veuve qui pourra se payer une belle toilette fera ainsi honneur à son défunt mari et démontrera à ceux qui la verront que son mari était non seulement bien portant financièrement et qu’il a eu la décence de lui laisser de quoi vivre confortablement. Une sorte de publicité post-mortem qui traduit l’importance de l’apparence au XIXe siècle et début XXe dans le contexte funéraire. Certains journalistes dénoncent par ailleurs à l’époque le grand défilé qui se joue à la Toussaint dans les cimetières huppés des grandes villes dénonçant ainsi le faste de ces événements à travers la mort. Bien sûr, on parle des personnes les plus aisées, les plus pauvres porteront le deuil de façon bien plus discrète avec des vêtements simples par exemple.
Où se trouvent les plus importants cimetières à Paris et autour de Paris au XIXe siècle?
Il faut imaginer qu’à cette époque, il y a un réel bouleversement de la géographie des cimetières. On passait de cimetières proches des églises à des cimetières organisés différemment et exclus des lieux de vie. Au XIXe siècle, c’est le moment clé d’émergence des grands cimetières comme il est encore possible d’en visiter actuellement et qui constituent un pan riche et complexe du patrimoine funéraire français. La perspective de créer de grands cimetières pour Paris voit le jour au tout début du XIXe. Ainsi, il faut attendre 1804 pour voir apparaître le cimetière du Père-Lachaise. Puis en 1824 apparaît le cimetière de Montparnasse et l’année d’après celui de Montmartre. Puis tout au long du XIXe vont être construits des cimetières plus petits selon les zones. La carte des cimetières parisiens se dessine. Cimetières parisiens qui ont d’ailleurs été copiés par exemple à la Nouvelle-Orléans à cause de la présence française dans le cimetière Saint-Louis. Le modèle se base sur celui des grands cimetières parisiens, à la différence que les tombes ne sont pas sous terre mais hors sol à cause de nappes phréatiques très hautes dans cette région réputée pour ses marécages et pour son bayou.
Des nouveaux cimetières se créent-ils pendant le XIXe et la première partie du XXe (jusqu’à 1940) ?
A Paris, nous allons distinguer l’intra-muros et l’extra-muros. Hormis ceux cités en réponse précédente, ce sont huit autres cimetières intra-muros qui ont été construits durant le XIXe siècle. En extra-muros, ce sont cinq cimetières qui sont ouverts et le dernier est celui de Thiais en 1929. Bien sûr, je n’inclue pas dans cette liste tout ce qui touche à la panthéonisation, aux cimetières privés et aux cimetières des communes limitrophes. On constate un beau développement en termes d’espaces funéraires à et autour de Paris. De quoi animer les plus taphophiles qui souhaiteraient découvrir le patrimoine funéraire de la capitale.
A quand remonte l’incinération telle que nous la connaissons aujourd’hui ?
Plutôt que d’utiliser le terme “incinération”, nous utiliserons le terme de crématisation dans le cadre funéraire. Le 29 Octobre 1887, une loi passe disant : “Tout majeur ou mineur émancipé, en état de tester, peut déterminer librement les conditions de ses funérailles, notamment en ce qui concerne le caractère civil ou religieux à leur donner et le mode de sa sépulture”. Cette loi va ouvrir la voie à la possibilité de crématiser une dépouille. Mais en 1880 était fondée la Société pour la propagation de la Crémation qui regroupait des personnes militant pour ce droit. Ce qui intervient déjà quelques années en amont du passage de la loi. La crématisation est un acte qui choque beaucoup de personnes à l’époque car on est habitués à inhumer les corps en France et surtout, l’idée de l’action du feu semble intolérable. On est face à une vraie tentative de modification des mentalités au XIXe face à ce type de funérailles. Le premier crématorium/columbarium de France se situe alors au Père Lachaise avec une première crématisation moderne qui est intervenue en 1889. Elle se heurte à plusieurs principes religieux tant chez les catholiques, les juifs et les musulmans. En revanche, la crématisation est autorisée chez les protestants en 1898. Il faudra attendre 1963 pour que l’église catholique n’y soit plus opposée lors du IIe concile œcuménique du Vatican. Une évolution de la pratique rapide lorsque l’on observe qu’actuellement en France, la crématisation est très plébiscitée pour les défunts dans le pays.
Y a-t-il une avancée majeure dans la gestion de l’après-mort à Paris entre le XIXe jusqu’aux années 1940 ?
On a beaucoup développé le souvenir des morts. A partir du XIXe par le biais de l’émergence de nombreux métiers dédiés au funéraire allant des marbriers aux fabricants de couronnes en perles de rocailles. L’entretien du souvenir et des monuments funéraires est alors rentré pleinement dans les habitudes sans que cela soit réservé à la Toussaint et aux Défunts dans le calendrier. Sans oublier qu’après la Grande Guerre, il a fallu aborder le deuil de façon nationale et non plus uniquement par le prisme individuel de la perte. L’émergence de la floraison pour la Toussaint pour les morts tombés au combat est venue inscrire le devoir de mémoire et l’entretien du souvenir comme faisant partie d’un effort national qui touchait tout le monde. Il a fallu aussi apprendre à vivre le deuil personnel et national en composant avec l’absence des corps pour certaines familles de militaires et ainsi se recueillir sur les monuments aux morts symboliques. Le deuil sans corps est considéré comme un deuil difficile dans le monde funéraire, il faut ainsi imaginer le traumatisme de nombreuses familles à la sortie de ce conflit.
J’espère que ce complément de lecture vous a intéressé ! Je vous dis à très bientôt.
Juliette