Chasse aux reliques : Le curé d’Ars

A La Découverte Du Curé D’ars

Les histoires de reliques sont passionnantes, et sur Le Bizarreum, c’est un sujet que l’on croise de temps à temps au fil de mes pérégrinations. Mais aujourd’hui, je vous emmène à Ars-sur-Formans sur les traces d’un Saint tourmenté, le Saint Curé d’Ars.

Qu’on y croit ou qu’on n’y croit pas, il est difficilement réfutable de reconnaître à quel point les reliques sont importantes pour les personnes croyantes. A ce titre, leur histoire et leur vénération s’avèrent très enrichissantes pour mieux comprendre leurs symboles. Et si je m’y intéresse, c’est bien entendu parce que l’on parle de corps et de restes humains en général, mais aussi parce que les reliques reconnues par l’Église ont une histoire bien souvent rocambolesque. Et même si nous connaissons des cas de reliques qui peuvent sembler invraisemblables, l’important réside surtout dans ce qu’elles représentent pour les personnes qui placent en elles leur prières. A Ars-sur-formans, j’ai toujours vu beaucoup de monde, c’est un endroit de pèlerinage important pour des personnes du monde entier ! De plus, le village du curé est marqué par des épisodes de miracles…mais aussi de présence démoniaque sous l’appellation locale du “grappin” ou “harpin” selon les sources.

Qui était le curé d'Ars ?

Jean-Marie Vianney de son nom, est né en 1786, et vous vous en doutez, l’éducation religieuse transmise par ses parents en pleine période Révolutionnaire s’est heurtée à des embuches. Les premières années de vie de Jean-Marie sont marquées par des confessions et absolutions de la part d’un prête clandestin.

 

Issu d’une famille de paysans, il souhaite dès son adolescence se consacrer à Dieu, mais sa famille a besoin de lui aux champs. Il débute son apprentissage religieux à l’âge de 20 ans, mais tout cela est difficile pour lui. Il n’a pas le même bagage éducatif que d’autres, est victime de son illettrisme, a de grosses difficultés en latin, il se sent démuni face au retard qu’il prend dans son cursus malgré sa bonne volonté. Pour autant, des mains tendues lui permettront d’avancer, comme celle de l’Abbé Balley qui l’encourage régulièrement lors de ses moments de doute.

 

En 1809, les jeunes hommes sont appelés à participer à la Guerre d’Espagne sous les ordres de Napoléon Ier. Jean-Marie Vianney tombe malade sur le chemin, et après plusieurs déconvenues, il fini par s’échapper et prendre un nom d’emprunt. Il devient instituteur dans le département de la Loire, avec l’aide de quelques personnes du village au courant de sa situation de déserteur. Son frère prendra légalement sa place dans l’armée pour soulager sa famille des amendes infligées à cause de Jean-Marie, mais ce dernier décède en 1813 au front.

 

En 1811,  il peut reprendre son identité, et il part en séminaire pour continuer à apprendre. Sauf que tout se complique, tous les cours sont en latin, il nage de plus en plus, et est même renvoyé chez lui temporairement le temps de se mettre à niveau pour suivre les cours à Lyon. Le retard de Jean-Marie étant trop important, l’abbé Balley qui s’occupait de lui depuis ses débuts, se démène pour que Jean-Marie puisse être ordonné prêtre, qu’il puisse aussi passer ses examens en français, tout en se formant au latin liturgique.

En 1815 il devient prêtre, mais son protecteur décède de la gangrène en 1817, et finalement, le jeune curé est envoyé à Ars en 1818, une petite commune qui a besoin d’un nouveau prêtre.

Reliques Corps Curé D'ars
Chambre du curé d'Ars

Miracles et démons

 

Jean-Marie Vianney a gagné en popularité au fil de sa présence à Ars. Il s’est investi dans l’apport de l’éducation pour les enfants locaux, tout en vivant de façon très simple voire démunie, afin d’être en adéquation avec son ascétisme de plus en plus présent. C’est aussi une vie de souffrance physique.

 

Néanmoins, le Curé d’Ars devient célèbre grâce à ses actes thaumaturges, ses miracles, comme celui du blé et du pétrin, sans oublier ceux liés à des guérisons de malades. Sa proximité avec ceux qui souffrent est aussi une de ses particularités, puisqu’il rendait souvent visite aux malades au cours de ses fonctions. Pour autant, malgré une présence divine marquée, dès son arrivée à Ars-sur-formans, le prêtre a été assailli par ce qu’il considère – ainsi que la population – comme des manifestations démoniaques. Les habitants ne remirent pas nécessairement en doute ces apparitions, et certains voyageurs évoquent avoir assisté à des manifestations de nuit, entendant des voix dire “Vianney, viens donc… va-t-en, va-t-en”.

 

Bien que mentionnés en filigrane de la visite de sa maison, ce sont des détails de l’histoire qui font frissonner des générations de visiteurs. Rapidement, Jean-Marie Vianney entend des bruits durant la nuit, puis, le Démon s’adresse directement à lui par son prénom, bousculant les meubles de sa chambre et se moquant de lui.

 

Ses confrères de la région, retrouvés à l’occasion d’une mission, prenant ça avec humour, mettaient ces manifestations dans la catégorie des hallucinations causées par les jeûnes et les privations du prêtre. Humilié, le prêtre avertit que cette nuit, tous les religieux qui dorment au même endroit entendront du bruit.  D’après l’histoire, les mêmes confrères se réveillèrent en sursaut entendant un fracas démoniaque et inexplicable, face à un Jean-Marie Vianney imperturbable et habitué. Bien que sa relation avec le Diable soit manifestement tendue, certaines archives évoquent un Jean-Marie parlant de cette relation comme une forme…de camaraderie.

 

D’autres manifestations se produisaient dans la maison de son village, comme un tableau de l’annonciation recouvert de boue, et ce de façon inexpliquée. La nuit, il continuait à entendre des gémissements et des plaintes, tout en ayant une présence sous son lit et sous sa table de chevet. Le clou de ces attaques résidait dans les épisodes d’incendie de son lit, lit visible lors de la visite de la maison du curé.

Mort et exhumation.

 

Le 4 Août 1859, après 41 ans de présence à Ars et trois tentatives pour s’échapper, il décède dans son lit. Epuisé, et pourtant reconnu dans toute la France, son histoire post-mortem ne fait que commencer. La seule photographie connue du curé d’Ars sera celle prise une fois décédé, un portrait que l’on peut voir dans sa maison près du premier cercueil en bois et en plomb qui a été utilisé pour l’inhumer. Le corps est présenté pensant 2 jours et 2 nuits aux visiteurs, dans une salle décorée de tissus blancs. Puis, après une dernière cérémonie dont le nombre de participants était trop important pour l’église, c’est en son sous-sol que le cercueil fût inhumé. De cet enterrement est né une opposition entre Ars et la commune de Dardilly d’où venait Jean-Marie Vianney. Débat post-mortem entre les deux paroisses, bien que le curé ait fini par accepter de léguer son corps à Ars, il avait évoqué le souhait initial de reposer près des siens dans son village natal.

 

Des milliers de personnes firent le déplacement pour ses funérailles, et tout autant par la suite en pèlerinage. Le procès en béatification débute alors. Mais comme pour toute enquête de l’Eglise, il faut étudier le corps. C’est en 1889 que ce dernier est exhumé de son tombeau pour la première fois. Puis, il est à nouveau exhumé en 1904 afin d’attester de son état. Il faut dire que les procès en béatification sont très complexes, et que l’Eglise les prend très au sérieux. Pour cela, toute la vie du curé est passée en revue, ainsi que ses engagements, et de nombreux témoins sont interrogés. L’objectif est d’appuyer par divers points précis, la nécessité et la possibilité de donner au curé d’Ars le statut de Saint. S’en suit l’examen du corps. Concernant le curé d’Ars, son corps était bien conservé, même si quelques éléments de la mort étaient visibles, il ne dégageait aucune odeur. Ces constatations, faisant beaucoup débat, sont à noter chez des personnes non reliées au monde religieux. D’expérience, des corps très bien conservés dans un caveau, sans soin de conservation, et plusieurs dizaines d’années après la mort peuvent aussi être retrouvés très peu abîmés. De tout cela découlent deux reliques : une part du bras qui a été placé à Dardilly, et le coeur qui possède sa propre chapelle lorsqu’il est exposé à Ars-sur-formans : mais il n’est pas rare que cette relique ne soit pas dans la chapelle, de mes deux visites en 2018 et en 2024, je ne l’ai jamais vue. A la suite de cette enquête de grande ampleur, Jean-Marie Vianney est béatifié le 8 janvier 1905 devenant ainsi le patron des prêtres de France. Puis en 1925, il est canonisé, pour devenir en 1929, patron de tous les Curés de l’univers.

 

Ainsi, le village est devenu un lieu de pélerinnage très important pour de nombreuses personnes dans le monde, et de futurs prêtres viennent aussi en séminaire à Ars-sur-formans. Pour visiter, je vous conseiller de vous référer aux informations de l’Office de tourisme, en particulier pour la visite de la maison.

Informations sur la chapelle du coeur.

 

Informations sur la maison du curé d’Ars.

Informations de la basilique d’Ars.

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